Libye : l’État islamique de retour dans la région de Syrte

L’organisation jhadiste Daesh (État islamique) semble remettre un pied dans la région de Syrte, ville côtière libyenne qu’elle a occupée plusieurs mois avant d’en être délogée en décembre 2016.

Un combattant loyaliste en embuscade à Syrte, le 22 septembre 2016. © Manu Brabo/AP/SIPA

Un combattant loyaliste en embuscade à Syrte, le 22 septembre 2016. © Manu Brabo/AP/SIPA

CRETOIS Jules

Publié le 29 août 2017 Lecture : 3 minutes.

La vidéo d’Amaq, sorte d’agence de presse de Daesh, mise en ligne le 27 août, a de quoi inquiéter. On y voit des hommes cagoulés de l’organisation tenir un point de contrôle sur une route, identifiée par plusieurs sources et analystes comme étant au centre du pays, au sud de Syrte, probablement dans la région de Djoufrah. Dans la même vidéo, le groupe, qui arrête les chauffeurs de camions et de voitures, se félicite de détenir un officiel et un soldat, capturés lors d’un contrôle.

Les jihadistes s’étaient emparés de Syrte en février 2015 et en avaient été délogés par une coalition militaire en décembre 2016, au prix de huit mois de bataille. En Libye, les combattants de Daesh ont aussi par le passé occupé une partie des villes de Derna et de Benghazi. Syrte, berceau de Kadhafi et région dans laquelle celui-ci a trouvé la mort, est devenue depuis une ville importante aux yeux des jihadistes. En attestent ces prêches donnés par le cheikh bahreïni et idéologue de Daesh Turki al-Binali – depuis décédé en Syrie – dès 2013 à la mosquée Rabat de la ville.

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Une réorganisation vieille de plusieurs mois

« Il semble que Daesh s’est réorganisé avec une efficacité certaine », nous disait déjà à la mi-août le spécialiste français Tom Feneux, qui assure une veille médiatique sur le conflit libyen. Celui-ci relevait déjà de multiples attaques menées par l’organisation notamment au mois de juillet et assurait : « L’organisation reprend pied au sud-est de Syrte et au sud de Misrata. »

Une autre source affirme même que l’organisation parvient, en plus de la mise en place de check-points parfois symboliques, à conduire des assassinats ciblés d’opposants. Le 23 août, une attaque menée par des combattants de Daesh dans la région de Djoufrah a coûté la vie à environ douze personnes, dont au moins neuf soldats du maréchal Khalifa Haftar. Une provocation qui inquiète au plus haut niveau.

Déjà, en mai dernier, se profilait un regain d’activité de Daesh. Des combattants d’une brigade misratie, la Troisième force, étaient attaqués à Wadi Allod, à quelque cent kilomètres au sud de Syrte. Deux d’entre eux perdaient la vie dans l’accrochage. « Mais les divisions politiques et militaires entre les différents acteurs libyens profitent largement à Daesh, qui joue avec », remarque Feneux.

Les commandants de l’opération Al-Bunyan Al-Marsous, qui rassemble plusieurs brigades révolutionnaires et qui avait délogé Daesh de Syrte en 2016, ainsi que l’armée de Khalifa Haftar ont annoncé le redéploiement d’éléments aux alentours de Syrte au vu des récents événements.

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Une région importante pour Daesh

Les preuves de l’importance accordée à la région libyenne par Daesh ne manquent pas, relèvent les connaisseurs du jihad globalisé. Wissam Nasr, auteur de État islamique, le fait accompli, donnait un exemple à Jeune Afrique à la mi-août : « La personne d’Abou Nabil al-Anbari illustre le souci de s’implanter avec force dans la région. Ce dernier est un Irakien, un proche d’Abou Bakr al Baghdadi, envoyé en Libye en 2014 et tué là-bas en 2015. Il aurait été remplacé par un Saoudien de manière récente ». Le spécialiste Romain Caillet abonde dans ce sens : « L’envoi de personnalités d’Irak et aujourd’hui d’Arabie Saoudite, tout cela prouve l’importance stratégique de la Libye pour l’organisation qui connaît des difficultés au Moyen-Orient ».

Ce dernier remarque enfin une concurrence « accrue » entre Daesh et Al-Qaïda dans la région du Sahel.

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