Sénégal : ce qui se cache derrière la baisse « de moitié » du prix de l’électricité annoncée par la présidence

Alors que les factures des particuliers et des entreprises restent élevées, le satisfecit exprimé à la mi-août par la présidence sénégalaise au sujet d’une baisse de moitié du prix de l’électricité entre 2012 et 2016 laisse sceptique.

Vue de la centrale électrique de la Senelec de Bel Air, dans la zone industrielle de Dakar, le 14 septembre 2012 © Sylvain CHERKAOUI pour Jeune Afrique

Vue de la centrale électrique de la Senelec de Bel Air, dans la zone industrielle de Dakar, le 14 septembre 2012 © Sylvain CHERKAOUI pour Jeune Afrique

Publié le 30 août 2017 Lecture : 2 minutes.

« Entre 2012 et 2016, le prix de l’électricité est passé de 97 F/kWh à 44 F/kWh », a affirmé le 15 août la présidence sénégalaise sur les réseaux sociaux (le post sur Twitter a depuis mystérieusement disparu). Une annonce immédiatement suivie de commentaires dénonçant « une information fausse » et appelant à des « clarifications » de la part du pouvoir. « Ma facture ne fait pourtant qu’augmenter », se plaint ainsi l’un des internautes.

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Qu’on se rassure, l’annonce de la présidence n’est pas totalement fausse. Elle est simplement très mal formulée. Car il ne s’agit pas de la baisse du prix de l’électricité auprès des particuliers ou des entreprises, mais de « son coût de production, affirme Assane Diouf, consultant auprès du ministère de l’Énergie et ancien de la Senelec (la Société nationale d’électricité sénégalaise). Et celui-ci a effectivement connu une importante baisse. »

Une production dépendante de l’or noir

Mais plutôt que de rectifier le tir dans sa communication, la présidence a récidivé trois jours plus tard avec une nouvelle publication, qui indique cette fois une diminution de moitié du prix de l’électricité « parmi les principales avancées de l’année en matière d’électrification ». Contactée par Jeune Afrique, la présidence indique sans plus de précisions « qu’il s’agit d’une tendance. Toutefois, le prix (aux particuliers et aux entreprises, ndlr) a diminué de 10 % en 2017, soulageant fortement les factures ».

Un quiproquo plutôt malvenu dans un pays qui a connu une grave crise énergétique au début des années 2010. Malgré des factures exorbitantes, les Sénégalais vivaient alors au rythme des coupures de courant intempestives, pouvant durer parfois de huit à douze heures. La cause de cette crise ? L’extrême dépendance de la production d’électricité sénégalaise vis-à-vis de l’or noir. Ainsi, si le prix du baril grimpe fortement, le coût de production devient de plus en plus difficile à assumer pour la Senelec et vice-versa.

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Production excédentaire à la Senelec

Après avoir atteint des hauteurs stratosphériques, le prix du pétrole a été divisé par deux en l’espace de quatre ans pour descendre sous la barre des 50 dollars. D’où une forte baisse du coût de production de l’électricité sénégalaise. Fini le temps où la Senelec, malgré les millions injectés par l’État sénégalais, n’avait plus les moyens de se fournir en combustible pour faire tourner ses installations. La société affiche désormais une production excédentaire et exporte de l’électricité chez les pays voisins.

Du côté du portefeuille des particuliers ou des entreprises, le président Macky Sall a consenti en fin d’année 2016 à une diminution de 10% du prix de l’électricité « à compter du premier bimestre de 2017 », soit « un gain de 30 milliards de F CFA en faveur des consommateurs ». Une baisse toutefois loin d’être équivalente à celle du coût de production, « mais nécessaire pour poursuivre le développement de la Senelec, améliorer le réseau et la distribution, et réduire notre dépendance au pétrole », juge Assane Diouf.

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