Nigeria : le « roi du kidnapping » plaide coupable sous la menace des policiers, selon son avocat
Chukwudubem Onwuamadike, alias Evans, célèbre criminel nigérian surnommé le « roi du kidnapping », a plaidé coupable pour « enlèvement » et « conspiration » mercredi devant la Haute cour de justice de Lagos. Un aveu obtenu sous la menace, selon son avocat. Lors de son arrestation en juin la police nigériane l’avait présenté comme un trophée de la lutte contre le kidnapping, véritable fléau dans le pays.
« Il nous a dit clairement que les policiers lui avaient ordonné de plaider coupable, et que dans le cas contraire, ils le tueraient », a déclaré mercredi son avocat, Olukoya Ogungbeje, dans un communiqué envoyé à l’AFP. Notre client « a plaidé coupable contre sa volonté », note l’avocat, « et changera sa déclaration en non-coupable lors de la prochaine audience », fixée au 19 octobre.
L’avocat affirme également qu’il n’a été informé de la comparution de mercredi qu’à travers les rumeurs des réseaux sociaux diffusée mardi soir, et n’a pas eu l’occasion de préparer l’audience avec son client, en garde-à-vue prolongée pour les raisons de l’enquête depuis son arrestation le 10 juin.
Evans, de son vrai nom Chukwudubem Onwuamadike, traîne une réputation de criminel notoire à Lagos. Il est accusé dans ce procès du kidnapping d’un certain Dunu Donatus, détenu entre le 14 février et le 12 avril, et d’avoir collecté une rançon de 223 000 euros en échange de sa libération.
Des victimes très riches
L’arrestation musclée d’Evans en juin avait été décrite comme un « immense succès » selon la police, et avait fait la une des journaux nigérians. La police avait organisé quelques jours après une « visite guidée » pour la presse de son domicile luxueux dans la capitale économique et des interviews avec le présumé coupable, où il expliquait ses méthodes criminelles.
Evans racontait alors n’avoir ciblé que des victimes « très riches » mais affirmait n’avoir jamais tué personne « lui-même ».
Sécurité renforcée
Sur le parking de la Cour de justice d’Ikeja, dans le centre de Lagos, une centaine d’agents des forces de sécurité lourdement armés avait été déployée pour son audience, les autorités craignant que le suspect n’en profite pour s’évader.
Emmené dans un fourgon des services pénitentiaires de la ville, avec cinq de ses complices dont une femme, Evans, 36 ans, avait l’air affaibli et fatigué. Une foule de passants était agglutinée aux grilles, applaudissant lorsque les criminels présumés sont entrés dans le fourgon des services pénitenciers.
La peine de mort encore appliquée au Nigeria
Au Nigeria, 10 États sur 36, notamment dans le sud, appliquent la peine de mort pour les responsables d’enlèvement. Lagos, qui s’était quasiment débarrassé du phénomène pendant plusieurs années, mais qui fait face à une forte recrudescence, est le dernier État à avoir mis en place la sanction ultime « en cas de mort de la personne kidnappée ».
Le phénomène du kidnapping contre rançon est particulièrement répandu au Nigeria (4ème pays au monde en 2016 selon Control Risk, organisation internationale de surveillance des risques) depuis une dizaine d’années.
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