Kemi Seba, le franc CFA et le BitAfric !
Engageons dès maintenant une réflexion sur la mise en œuvre du BitAfric. Car c’est ça le vrai combat !
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Alain Nkoyock
Alain Nkoyock est responsable à l’ONU du Programme de modélisation et d’innovations technologiques d’aide à la lutte contre la corruption et la criminalité financière.
Publié le 31 août 2017 Lecture : 3 minutes.
Le président de l’ONG Urgences Panafricanistes, Kemi Seba, a été placé sous mandat de dépôt le 25 août, à la prison centrale de Rebeuss, au terme d’une journée de garde à vue devant les enquêteurs de la Division des investigations criminelles, avant d’être jugé puis relaxé quatre jours plus tard. Il lui était reproché d’avoir brûlé un billet de 5 000 FCFA lors d’un rassemblement, le 19 août à Dakar. Poursuivi pour avoir enfreint les dispositions du code pénal sénégalais, il encourait une peine de 5 à 10 ans de prison. L’affaire a enflammé la toile entre les soutiens et les détracteurs de celui qui fait désormais figure d’icône de la contestation du franc CFA en Afrique.
Le débat sur notre monnaie commune n’est pas nouveau. L’incarcération de Kemi Seba, a constitué un épisode d’une polémique entre ses partisans et ses adversaires. Depuis l’indépendance des pays africains, plusieurs chercheurs ont analysé les problèmes de développement de nos pays. Pour expliquer les maux dont souffre l’Afrique, plusieurs ont identifié le rôle de facteurs exogènes. Des réflexions et actions ont été menées sur la responsabilité du système économique et monétaire africain dans la perpétuation du sous-développement.
Les Africains dénoncent le FCFA et la zone franc dont la gestion et les principes servent les intérêts français. En effet, la zone franc englobe donc aujourd’hui quinze pays dont huit pays d’Afrique de l’Ouest, six pays d’Afrique centrale et les Comores. C’est une organisation financière, monétaire et économique, dont le cœur est la France et l’instrument principal le franc CFA. Cette organisation, gérée par la France, s’appuie sur des institutions africaines : la BCEAO, la BEAC, et la BCC. Le système franc CFA est basé sur quatre grands principes : la centralisation des réserves de change au Trésor public français, la fixité de la parité franc CFA/euro, la libre convertibilité du franc CFA à l’euro, et la libre circulation des capitaux entre la France et les pays africains de la zone franc. À ces principes s’ajoute la participation française aux instances de direction des banques centrales africaines, pièce maîtresse du système CFA puisqu’elle garantit l’application sans faille des quatre principes précédemment cités.
Les crypto-monnaies (Bitcoin, Monero, Cash, ou Dash) sont en passe de bouleverser le secteur de la finance
Depuis des décennies, les Africains se battent pour changer la gouvernance de la zone franc. Certains en sont morts. Il est temps de changer de stratégies avec des solutions alternatives à cette problématique du FCFA. Puisque les crypto-monnaies (Bitcoin, Monero, Cash, ou Dash) et les technologies annexes qui gravitent autour sont en passe de bouleverser le secteur de la finance, pourquoi ne pas y investir tous nos derniers efforts pour contourner le FCFA ? Selon le dernier rapport du cabinet américain « Research and Markets », le marché mondial de la technologie des crypto-monnaies et du Blockchain enregistrera une croissance de 35,2% au cours de la période 2016-2022.
Adoptons le BitAfric dont la nature numérique se passera des banques centrales et des opérateurs financiers ! En effet, les transactions restent totalement anonymes, l’historique des transactions est assuré par le Blockchain, une technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée, et fonctionnant sans organe central de contrôle. Le système BitAfric nous permettra aussi de supprimer une bonne partie du coût des transactions. Bien plus, les blocages suivants tant décriés seront levés : la question de souveraineté des États africains de la zone franc ; la libre convertibilité F CFA/euro et la libre circulation des capitaux ; la participation française à la gestion des banques centrales africaines, ou la centralisation des réserves de changes.
L’affaire Kemi Seba porte un mauvais coup à l’image du Sénégal car elle s’étend désormais au-delà des frontières de ce pays. Activistes Africains et sympathisants du « Kemi Seba Challenge », arrêtez de brûler les billets de FCFA et de poster les images sur les réseaux sociaux. Engageons dès maintenant une réflexion sur la mise en œuvre du BitAfric. Car c’est ça le vrai combat !
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