Rwanda : les raisons qui ont poussé Paul Kagame à choisir un technicien comme Premier ministre
Le président rwandais Paul Kagame, récemment élu pour un troisième mandat de sept ans, a nommé mercredi au poste de Premier ministre l’économiste Édouard Ngirente. Un choix plus technique que politique, selon plusieurs observateurs. Cette nomination a entraîné un remaniement imperceptible, l’équipe gouvernementale ayant été reconduite dans sa quasi intégralité.
À 44 ans, le nouveau Premier ministre rwandais, Édouard Ngirente, succède à un homme politique confirmé de 65 ans, Anastase Murekezi, l’un des leaders du Parti social-démocrate (PSD). Selon Albert Rudatsimburwa, patron de médias et analyste politique de la région des Grands-Lacs, sa nomination par le président Kagame, purement technique, « vise notamment à trouver des solutions dans le domaine de l’emploi » face au nombre important de jeunes en mal d’insertion sur le marché de travail.
D’après Rudatsimburwa, la logique du troisième mandat de Kagame diffère des deux précédents, durant lesquels il s’était attelé à la construction des infrastructures et à l’intégration régionale. « Le nouveau septennat va être spécial, Kagame va devoir se concentrer, avec l’aide du nouveau Premier ministre, sur la haute augmentation de la population mais surtout sur le nombre important de jeunes au chômage » précise l’analyste. Avant d’ajouter : « C’est pour cela qu’il a besoin d’un gouvernement technocrate, surtout en matière d’économie et de finances ».
Directement venu de Washington
D’après un autre spécialiste de la politique rwandaise interrogé par Jeune Afrique, plus de 18% de la population est constituée de jeunes en recherche d’emploi. « Le président Kagame se trouve donc dans une impasse pour trouver une solution le plus vite possible, ce qui explique le choix du nouveau Premier ministre », confie ce spécialiste.
Docteur en économie, sans aucune casquette politique, Ngirente est le premier technicien à être nommé à la tête du gouvernement depuis 1996, année du premier mandat de Paul Kagame, où par tradition tous les Premiers ministres nommés étaient issus de l’opposition.
Le nouveau Premier ministre rwandais est fraîchement arrivé à Kigali après six ans passés aux États-Unis. Il quitte son poste de haut conseiller auprès du directeur général de la Banque mondiale à Washington qu’il a occupé de 2011 jusqu’à sa nomination à la primature. Il a également été conseiller économique au ministère des Finances et de l’économie au Rwanda.
Un nouveau ministre du commerce et de l’industrie
Comme pour la primature, la nomination du ministre du Commerce et des Industries répond à un choix technocratique, selon l’analyste Rudatsimburwa : Vincent Munyeshyaka est l’ancien ministre du gouvernement local, équivalent du ministère de l’Intérieur.
Dans le cadre de ses missions, il était amené à collaborer avec le RDB (Rwanda Development Board), la cheville ouvrière du miracle économique rwandais. Cette agence nationale en charge de la promotion des investissements s’occupe, entre autres, du tourisme d’affaires en pleine ascension dans le pays, des investissements étrangers et de la création d’entreprise. Avoir des liens étroits avec le RDB confère au nouveau ministre du Commerce un profil de technicien recherché dans le nouveau gouvernement.
En dehors de quelques ministères qui ont changé de patron, on ne relève pratiquement aucun grand changement dans le nouveau gouvernement, relève l’analyste ayant requis l’anonymat.
Les trois poids lourds ministériels au Rwanda sont donc : la Défense avec James Kabarebe, les Relations extérieures avec Louise Mushikiwabo et la Justice avec Johnston Busingye.
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