Tunisie : des balles et des morsures
Depuis la révolution (des épines) du jasmin, les Tunisiens comptent plus de journées de deuil que de fêtes nationales (mises sous éteignoir), créant un climat d’insécurité et un sentiment général de dégoût et de désenchantement. Ras-le-bol de ces politicards qui jacassent, jour et nuit, comme des pies. De cette farandole de ministres néophytes et hésitants. Et tel pain, telle soupe, de ces opposants virulents au régime de Ben Ali qui se transforment en biches consentantes devant l’imam Ghannouchi, ou de ces ministres zélés du même Ben Ali qui rallient la "révolution" sans rougir et plongent leurs cuillères dans la soupe de Carthage. De ces oriflammes hideuses, noir corbeau, brandies par les sinistres wahabbites (infiltrés en Tunisie depuis les années 80, d’après l’ancien ministre Ahmed Khaled).
Y’en a marre des moustiques et des acariens qui squattent le pays. De cette saleté nauséabonde et de cette inflation meurtrière… Même les figues de barbarie, qui servaient jadis d’amuse-gueules pour les dromadaires sont désormais vendues au prix fort sous papier cellophane ! Le constat est amer : depuis le départ (et non la fuite) de Ben Ali le prix du gaz de ville a augmenté de 39 %, celui de la viande ovine de 80 %… Mais la palme d’or revient au thon : 140 % de hausse depuis 2011. De là, on peut craindre légitimement que "ventre affamé n’a point d’oreilles"… Alors, d’où viennent ces ordures ménagères qui jonchent les trottoirs et nourrissent des rats heureux ?
Ecœuré, un citoyen crie sur radio-Tunis "Mais bon sang, Ben Ali n’a pas emporté avec lui les bennes à ordures !". En écho, la banque mondiale va envoyer 300 millions de dinars aux municipalités… Révoltée, une touriste, Jeanne Rigaud écrit dans un quotidien : "Des touristes apeurés se terrent dans les hôtels en attendant que l’avion les ramène chez eux. Ils décriront les champs d’ordures, les poubelles nauséabondes. Leurs amis n’iront jamais en Tunisie et, eux, n’y retourneront pas. Je suis triste pour la Tunisie", conclue-t-elle. Ces mots résonnent comme des coups de feu en pleine saison touristique. Madame Karboul, la ministre du tourisme, espérait 7 millions de visiteurs pour l’année 2014. Il y’a loin de la coupe aux lèvres…
Vu ce fatras alambiqué, un humoriste belge a pu lancer : "si tu expliques à quelqu’un la situation de la Tunisie et qu’il t’a compris, c’est que tu as mal expliqué"…
>> Lire du même auteur Tunisie : Vous avez dit "jasmin" ?
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