« MaaSci » : une Kényane envoie les Maasaï dans l’espace
Quatre questions à la graphiste kényane Jacque Njeri, qui a publié sur le réseau social Instagram une série de montages photos dans lesquels la tribu Maasaï opère sa conquête de l’espace.
Basée à Nairobi, Jacque Njeri, 26 ans, se considère comme une artiste qui explore ses inspirations à travers le graphisme. Elle vient de frapper un grand coup en publiant, sur Instagram, une série de montages intitulée « MaasSci », représentant des Maasaï dans l’espace, entre excursions dans de lointaines galaxies et exploration de planètes inconnues. Un travail de collage d’inspiration afro-futuriste qu’elle exécute à partir de photographies libres de droits dégotées sur la toile. Par la suite, à l’aide du logiciel Photoshop, elle met en scène une véritable narration qui tient de la science-fiction : celle d’une tribu africaine désormais établie dans des contrées interstellaires. « Les Maasaï sont un peuple du Kenya mais aussi un peuple d’Afrique dont l’esthétique culturelle, très riche, est en adéquation avec la science-fiction », explique la jeune femme.
Jeune Afrique : Pourquoi avoir choisi Instagram pour publier votre série MaaSci ?
Jacque Njeri : C’est à la fois une application de partage de photographies et un réseau social. Je voulais cibler et fidéliser un public sur une seule et même plateforme. Je débute tout juste alors je ne ressens pas encore le besoin de créer un site internet. Je ne m’attendais pas à ce que ma série connaisse un tel retentissement et cela m’encourage à aller plus loin. Aussi, mes explorations graphiques autour de l’afro-futurisme ne font que commencer.
https://www.instagram.com/p/BU_i88zgN3W/?taken-by=fruit_junkie
Justement, quelle est votre définition de l’afro-futurisme ?
Selon moi, il s’agit d’une mise en avant de la richesse culturelle africaine à travers la technologie, la science et l’imagination. Cela faisait longtemps que l’afro-futurisme me titillait mais je n’ai jamais exploré cette esthétique d’un point de vue personnel. Je considère la science-fiction comme l’une des nombreuses branches de l’afro-futurisme. Je pense qu’il y a encore beaucoup à creuser dans ce domaine même si nous avons droit une communauté dynamique et stimulante d’artistes, de réalisateurs et de musiciens sur le continent africain. Je reste encore très impressionnée par le travail de ma compatriote Wanuri Kahiu, qui a écrit et réalisé « Pumzi », un film de science-fiction très inspirant. Je suis très excitée de découvrir ce qui suivra.
https://www.instagram.com/p/BVHui_MA7CR/?taken-by=fruit_junkie
Dans MaaSci, vous imaginez une femme cyborg sur laquelle on peut lire la légende suivante : « Genre : en téléchargement ». Que voulez-vous démontrer avec cet énoncé ?
À travers ces visuels, je cherche des moyens d’interroger certains sujets sociétaux. Bien entendu, je m’apprêtais à attribuer le genre féminin à mon cyborg mais il se trouve que les cyborgs ne sont pas binaires. Je me penche donc là sur les questions de genre, un débat très actuel. J’invite aussi le spectateur à s’interroger lui-même. Sans oublier la question du leadership des femmes qui a du mal à s’imposer dans la plupart des pays d’Afrique. Sur l’un des visuels, on suit une expédition menée sur la Lune par un astronaute qui semble être une femme. Pour accompagner ce visuel, je cite Sheryl Sandberg, la directrice des opérations de Facebook : « Dans le futur, il n’y aura pas de femmes leaders. Il y aura juste des leaders ».
https://www.instagram.com/p/BWM86XBAxO3/?taken-by=fruit_junkie
Pensez-vous que les Africains seront capables de conquérir l’espace un jour ?
J’aime à l’imaginer. Ce ne sera pas pour tout de suite mais on franchit déjà quelques étapes. Le Ghana vient tout juste de lancer son tout premier satellite dans l’espace. C’est encourageant.
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