Afrique du Sud : une entreprise accusée d’alimenter les tensions raciales pour le compte des Gupta

Le directeur général de l’agence de relation publique Bell Pottinger a démissionné ce weekend. La société avait été accusée d’avoir alimenté les tensions raciales en Afrique du Sud à travers une campagne de communication pour le compte de la famille Gupta. Les opposants au président Jacob Zuma y étaient qualifiés d’agents du «capital monopolistique blanc».

Le richissime homme d’affaires Atul Gupta dans les rues de Johannesburg, en septembre 2010. © AP/SIPA

Le richissime homme d’affaires Atul Gupta dans les rues de Johannesburg, en septembre 2010. © AP/SIPA

Publié le 4 septembre 2017 Lecture : 2 minutes.

James Henderson a confirmé sa démission ce weekend. Le directeur général de Bell Pottinger était sous pression depuis la sanction disciplinaire infligée à son entreprise par l’association professionnelle britannique du secteur des relations publiques, la Public Relations and Communications Association (PRCA). La sanction avait été prise après une enquête de la PRCA suite à des accusations selon lesquelles Bell Pottinger cherchait à exciter la colère contre « l’apartheid économique » en Afrique du Sud. Une manœuvre qui aurait été menée dans le but de détourner l’attention de la controversée famille Gupta, accusée de profiter de ses connivences avec le président Zuma. L’entreprise de relation publique avait fait appel de cette sanction et la décision finale doit être rendue cette semaine.

Campagne de communication pour la famille Gupta

L’affaire fait suite à une plainte auprès du PRCA du principal parti d’opposition d’Afrique du Sud, l’Alliance Démocratique, concernant une campagne de communication menée par Bell Pottinger pour le compte des Guptas.

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L’entreprise Oakbay, détenu par les Guptas, a payé 100 000 £ par mois à Bell Pottinger pour ses activés de conseil en lobbying et relations publiques, rapporte le Guardian.

Dans le cadre de ce contrat, Bell Pottinger est accusée d’avoir supervisé la création de faux comptes Twitter pour attaquer de célèbres hommes d’affaires blancs en Afrique du Sud, afin de détourner l’attention de la famille Gupta.

La firme anglaise a mis fin au contrat en avril dernier. Dans une lettre d’excuse publiée en juillet, James Henderson a reconnu que cette campagne de communication sur les réseaux sociaux était « inappropriée et insultante ».

Sanctions et pertes de clients

Quatre salariés de Bell Pottinger ont été remerciés ou suspendu en juillet, après que le cabinet d’avocat Herbert Smith Freehills a été nommé pour enquêter sur l’affaire.

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Le scandale a déjà fait perdre à l’entreprise d’importants clients, dont la banque d’investissement Investec et le groupe Richemont, spécialisé dans les produits de luxe, rapporte le Financial Times.

La semaine dernière, le PRCA a confirmé qu’une demande d’appel avait été déposée, et a déclaré que son comité de direction publierait sa décision finale le 5 septembre. S’il est confirmé que Bell Potinger a violé la charte professionnel de l’association, l’entreprise pourrait se voir exclue de la PRCA.

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Bell Pottinger a été fondée par Lord Bell, un spin doctor de Margaret Thatcher qui a rencontré la famille Gupta début 2016, mais qui affirme avoir déconseillé son groupe de faire affaire avec eux. Il a depuis quitté l’entreprise qui porte son nom. Parmi les clients passés par les services de Bell Pottinger, on retrouve notamment les noms de la Fondation Pinochet ou encore de la Première dame syrienne Asma el-Assad.

La famille Gupta, qui a bâti un empire économique en Afrique du Sud allant des médias aux mines, est accusée d’utiliser ses relations avec le président Zuma et sa famille pour faire des affaires. Les Guptas et Jacob Zuma ont nié à plusieurs reprises ces accusations.

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