Secrets d’histoire : le 14 août 1994, le terroriste « Carlos » était arrêté au Soudan
C’était un 14 août, en 1994. Le Vénézuélien Ilich Ramirez Sanchez, surnommé « Carlos », était arrêté au Soudan. La fin d’une cavale de plusieurs années pour celui qui était aussi un lecteur assidu de Jeune Afrique.
Recherché par la France, persona non grata dans presque tous les pays – même ses soutiens d’hier tels que la Syrie et la Libye – Carlos s’était réfugié clandestinement au Soudan, apparemment muni d’un faux passeport diplomatique. Le refuge pouvait paraître logique au premier abord, puisque le pays était inscrit depuis 1993 sur la liste américaine des États soutenant le terrorisme. Mais le Soudan, soumis à un embargo international depuis le coup d’État par une junte à tendance islamiste en 1989, avait certainement la volonté de blanchir sa réputation en livrant Carlos à la France.
Relatant l’arrestation du terroriste international âgé de 44 ans, plusieurs journalistes précisent qu’elle n’aurait pas été possible sans l’aide des autorités soudanaises. Le ministère de l’Intérieur français Charles Pasqua, qui travaillait depuis des mois à cette arrestation, a d’ailleurs félicité le Soudan pour sa volonté de « rompre de manière éclatante avec le terrorisme ou le soutien au terrorisme », lors de sa conférence de presse du 14 août 1994.
Condamné par contumace
Le 15 août, au lendemain de son arrestation, Ilich Ramirez Sanchez atterrit à 10h15 sur le sol français. Les policiers de la Direction de la surveillance du territoire (DST), le contre-espionnage français de l’époque, l’attendaient de pied ferme. Carlos était accusé du meurtre de deux de leurs collègues, le 27 juin 1975. Condamné par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité en 1992, Ilich Ramirez Sanchez est rejugé en chair et en os par la justice française en 1997 et écope de la même peine.
Un autre procès a lieu en 2011, à l’issue duquel il est reconnu coupable de quatre attentats commis en France en 1982 et 1983, dont celui de la rue Marboeuf à Paris, devant le siège du magazine Al Watan Al Arabi, et celui du train Capitole Paris-Toulouse (11 morts et 250 blessés). Devant les juges, Carlos se défend d’avoir commis ces attaques, mais n’hésite pas à en revendiquer d’autres. Il sera de retour devant les tribunaux français en 2013 pour son procès en appel, qu’il perdra.
« De nationalité palestinienne pour le sang versé »
Ilich Ramirez Sanchez a hérité du prénom de Lénine. C’était le choix de son père, un riche avocat communiste vénézuélien. Né le 12 octobre 1949, Carlos entre au parti communiste à l’âge de 15 ans, devient ensuite apprenti guérillero dans un camp d’entrainement à Cuba puis part étudier à Moscou l’année de ses 19 ans.
C’est en Russie qu’il découvre la cause palestinienne et se rapproche des militants du service « action » du Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP), l’aile dure de la guérilla palestinienne. « Je suis de nationalité vénézuélienne pour le sang reçu et je suis fier d’être de nationalité palestinienne pour le sang versé », déclare-t-il lors de son procès en appel en 2013.
Après un passage en Jordanie, Ilich Ramirez Sanchez s’installe à Londres. En décembre 1973 il mène dans la capitale britannique sa première opération terroriste connue. « Sponsorisé » par le FPLP, il tire à trois reprises sur Joseph Seif (qui survivra), le frère du président de la chaîne de magasins britannique Marks & Spencer. « Tous les deux étaient très engagés dans la conspiration sioniste pour voler la Palestine », précisa Carlos pour expliquer son geste.
Combattant ou mercenaire
La suite se passe de l’autre côté de la Manche. Entre 1974 et 1983, huit attentats imputés à Carlos ont lieu en France. Mais « Le Chacal » s’illustre surtout par un coup d’éclat international, le 21 décembre 1975. Lors d’une réunion de l’Opep à Vienne, il dirige un commando du FPLP qui prend en otage une soixantaine de personnes, dont dix ministres. Les terroristes s’envolent vers l’Algérie et y libèrent les otages. Bilan : trois morts et toutes les polices des pays occidentaux sur les dents.
Carlos réussira pourtant à commettre d’autres attentats en Europe de l’Ouest, principalement en Allemagne et en France. C’est dans ce dernier pays que le révolutionnaire, fidèle lecteur de Jeune Afrique depuis sa cellule continue de purger sa peine de réclusion à perpétuité à la maison centrale de Poissy, dans les Yvelines, en région parisienne. Le « Chacal », l’un de ses surnoms, converti à l’islam, n’a pas disparu de l’imaginaire populaire. Loué par Hugo Chavez, il est décrit tantôt comme un combattant de la révolution, tantôt comme un mercenaire sanguinaire. Il a aujourd’hui 73 ans.
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