RDC : Honoré Kapuku de la VSV retrouve la voie de la liberté

Ce mardi 12 août, Honoré Kapuku a été libéré. Membre de la Voix des sans-voix (VSV), l’ONG de Floribert Chebeya assassiné en 2010, il raconte à « Jeune Afrique » son arrestation la nuit du 2 au 3 août et ses conditions de détention dans les cellules de l’Agence nationale de renseignements.

Capture d’écran du site de l’ONG La Voix des sans voix (VSV). © J.A.

Capture d’écran du site de l’ONG La Voix des sans voix (VSV). © J.A.

Publié le 12 août 2014 Lecture : 3 minutes.

"Je me sens bien, mais l’Agence nationale de renseignements (ANR) doit changer ses méthodes ! » Quelques heures seulement après être sorti des cellules de la direction générale de l’ANR, à Kinshasa, Honoré Kapuku, membre de la Voix des sans-voix (VSV), l’ONG de Floribert Chebeya, assassiné en 2010, est revenu sur les conditions de son arrestation, dans la nuit du 2 au 3 août.

Des hommes armés avaient alors fait irruption dans une église du quartier de Brikin, dans la commune de Ngaliema à Kinshasa. Ils avaient arrêté 11 personnes. Parmi elles, Honoré Kapuku, chargé cette nuit-là de surveiller des malades dans cette paroisse qui a un centre de guérison parapsychologique : "Ces hommes n’ont pas dit à quels services ils appartenaient. Et, c’est seulement bien après qu’ils nous ont expliqué qu’ils nous soupçonnaient d’être liés à l’attaque du camp militaire Tshatshi, le 22 juillet dernier à Kinshasa."

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Juste après cette attaque, les autorités avaient pointé du doigt des miliciens Enyele originaires de l’Équateur (nord-ouest de la RDC), refoulés de Brazzaville à la suite de l’opération Mbata ya bakolo (la gifle des aînés). Pas un hasard donc, si début août, avant leur descente dans l’église, les mêmes hommes armés ont, selon VSV, arrêté à la résidence du général Wezago, décédé en 2008 et ancien proche de Mobutu, trois de ses enfants et l’épouse d’un citoyen de l’Équateur. Plus tard, à l’église, parmi les personnes arrêtées, ce dernier sera d’ailleurs le seul à être menotté.

"Une enquête indépendante"

Si, ce mardi 12 août, Honoré Kapuku a été libéré avec sept autres personnes de son église, parmi les trois autres encore dans les cellules de l’ANR, on trouve un policier, un militaire et ce même homme originaire de l’Équateur, déjà ciblé lors de l’arrestation. Il s’agirait de Didier Mbuase, responsable d’une structure affiliée au Mouvement de libération du Congo (MLC). Son épouse et les trois jeunes arrêtés à la résidence du général Wezago seraient quant  à eux encore dans les cellules de l’ANR.

"Je n’ai pas subi de violences, explique Honoré Kapuku mais je n’ai eu droit à aucune visite. On aurait pu me faire disparaître sans laisser de traces… Dans ma cellule de 5 mètres sur 5, nous étions 18. Certains disaient avoir fait plusieurs mois sans être jugés. Il ne leur restait plus que la peau sur les os. Nous n’avions qu’un repas par jour. On dormait à même le sol, sur des morceaux de carton."

Honoré Kapuku fréquente la même église que la famille de Floribert Chebeya, fondateur de VSV retrouvé assassiné le 2 juin 2010 dans sa voiture.

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Membre depuis presque 20 ans de l’ONG de défense des droits humains VSV, Honoré Kapuku fréquente la même église que la famille de Floribert Chebeya, fondateur de VSV retrouvé assassiné le 2 juin 2010 dans sa voiture, dans la banlieue de Kinshasa. On n’a jamais retrouvé le corps de son chauffeur, Fidèle Bazana, qui l’avait emmené quelques heures auparavant à la Direction de la police nationale congolaise. En RDC, le procès des meurtriers présumés en appel a été suspendu en mai 2013 et n’a jamais repris depuis. En juin dernier, les familles Chebeya et Bazana et la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) ont déclenché une procédure au Sénégal.

L’arrestation de Kapuku n’est a priori pas liée à cette affaire. Évidemment soulagée par la libération d’Honoré Kapuku, VSV demande tout de même "une enquête indépendante pour sanctionner les responsables de cette arrestation arbitraire et de cette détention illégale. Si sanction il y a, ce serait une réparation morale des préjudices subis", conclut Dolly Ibefo, directeur exécutif de l’ONG.

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