« La lutte contre la malnutrition en Afrique peut être gagnée »

Dans son rapport 2017, l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (Agra) dresse un portrait de l’agriculture en Afrique subsaharienne et met l’accent sur l’entreprise des petits exploitants agricoles. Décryptage.

L’agriculture reste le premier contributeur au PIB burkinabé. Ici à proximité de Bobo Dioulasso. © Javier Mármol/CC/ Flickr

L’agriculture reste le premier contributeur au PIB burkinabé. Ici à proximité de Bobo Dioulasso. © Javier Mármol/CC/ Flickr

Publié le 5 septembre 2017 Lecture : 3 minutes.

Le rapport sur l’état de l’agriculture en Afrique, publié mardi 5 septembre à Abidjan par l’Agra, se penche sur les activités commerciales des petits exploitants agricoles en Afrique subsaharienne. « La réalité en Afrique est que la production agricole continue d’être dominé par de petits exploitants agricoles. 80% des exploitations agricoles africaines occupent moins de deux hectares », souligne le document du groupe d’experts africains et internationaux en sécurité alimentaire, qui note toutefois que de nombreux pays africains comme le Sénégal, le Ghana ou encore l’Éthiopie ont réduit la malnutrition au cours des quinze dernières années .

« Ces progrès, suscités en partie par des actions et des interventions de politiques, montrent que la lutte contre la malnutrition en Afrique peut être gagnée », dit le rapport lancé par le Panel Malabo Montpellier au Forum pour la Révolution Verte en Afrique.

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Investir en faveur des petits exploitants

Le rapport démontre que 41 millions d’africains dits « petits exploitants » ne sont pas seulement des producteurs, mais des acteurs économiques précieux au cœur d’un système alimentaire multiforme. « En Afrique orientale et australe, chaque agriculteur subvient désormais aux besoins alimentaires de sa famille, d’une famille rurale et de deux autres urbaines. Le marché est en plein essor et la demande à l’endroit de chaque exploitant augmente », indique le rapport de 166 pages.

Le marché africain de l’agriculture passera d’un milliard de dollars à 300 milliards d’ici à 2030

Alors que la Banque mondiale projette que le marché africain de l’agriculture passera d’un milliard de dollars à 300 milliards d’ici à 2030 et que la demande en produits agricoles va doubler en 2050, atteignant entre 30 et 50 milliards de dollars, le groupe d’experts appelle les gouvernements à plus d’investissements notamment en faveur des petits exploitants.

Nous savons exactement ce qui marche. Notre problème est de passer enfin à l’action

« Nous avons 60 % de déficit en matière de productivité, et nous parlons aujourd’hui des petits exploitants agricoles. C’est le moment de pousser nos gouvernements à prendre au sérieux ces agriculteurs, qui représentent une réelle opportunité dans la transformation de l’agriculture pour créer des emplois pour les jeunes, réduire l’exode rural et entraîner une stabilité politique », a plaidé le Dr Kenayo Nwanze, lauréat du prix de l’Afrique 2016 et ancien président du Fonds international de développement agricole. « Nous savons exactement ce qui marche. Notre problème est de passer enfin à l’action », a-t-il insisté, arguant qu’aucune région ne peut se transformer sans l’agriculture.

Entre 2007-2012, les échanges intra-africains n’ont représenté que moins de 34 % des exportations totales du continent, dénonce l’Agra pour qui débloquer le potentiel de transformation des petits exploitants va nécessiter l’innovation institutionnelle des secteurs financiers et industriels. Car, bien que 50 % de la population africaine est active dans l’agriculture, moins de 1% des crédits bancaires est consacré à ce secteur.

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Potentiel de croissance

Pour l’Agra, les réglementations et les exigences des politiques d’ajustement structurel des années 1990 ont freiné le potentiel de croissance, en réduisant les investissements agricoles. La fluctuation, à l’échelle mondiale, des prix des cultures commerciales pénalise également les paysans africains. Sans compter le changement climatique et la chute drastique des rendements agricoles. Aussi, l’Association insiste sur l’urgence à faire en sorte que les interventions nationales deviennent beaucoup plus intégrées, opportunes et classées par ordre de priorité dans leur approche

Abondant dans le même sens, Amadou Gon Coulibaly, le Premier ministre ivoirien, a invité les gouvernements africains à créer un environnement propice à la transformation inclusive de l’agriculture. « Le temps est maintenant à l’action et il nous faut définir les conditions d’interventions du secteur privé dans l’agriculture », a déclaré le Premier ministre ivoirien. Pour Amadou Gon Coulibaly, partout où il y a eu des investissements conséquents dans le secteur agricole, les résultats ont été rapides. Dans les années 1970, notamment, son pays a réalisé de grands progrès. Un « miracle ivoirien » obtenu en consacrant alors entre 13 et 20 % des investissements du pays à l’agriculture, permettant ainsi d’avoir un tissu industriel.

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