Répression des Frères musulmans : deux dirigeants de HRW interdits de séjour en Égypte

L’ONG Human Rights Watch (HRW) a annoncé lundi que deux de ses directeurs ont été interdits d’entrer en Égypte où ils devaient présenter un rapport sur la sanglante répression contre les partisans du président islamiste Mohamed Morsi. Une décision pour « raisons de sécurité » que le gouvernement assume.

Pendant la répression des rassemblements pro-Morsi du 14 août 2013, qui a fait 700 morts. © AFP – Mosaab El-Shamy

Pendant la répression des rassemblements pro-Morsi du 14 août 2013, qui a fait 700 morts. © AFP – Mosaab El-Shamy

Publié le 12 août 2014 Lecture : 2 minutes.

Ils ont attendu douze longues heures avant que la décision tombe. À leur arrivée à l’aéroport du Caire, dimanche 10 août au soir, le directeur exécutif de Human Rights Watch (HRW), Kenneth Roth, ainsi que la directrice de l’organisation pour le Moyen Orient, Sarah Leah Whitson, ont été retenus toute la nuit avant que que, finalement, les autorités refusent de leur remettre un visa d’entrée. Motif invoqué : "raisons de sécurité", écrit Sarah Leah Whitson sur son compte Twitter.

Les deux activistes devaient présenter à la presse mardi  au Caire un rapport de 195 pages pour marquer le premier anniversaire du "massacre de Rabaa al-Adawiya et des tueries de masse de manifestants en Égypte". "Le bilan du massacre de Rabaa est comparable à ceux de Tiananmen et Andijan", la terrible répression en 2005 dans cette ville d’Ouzbékistan, a écrit lundi matin Kenneth Roth dans un tweet.

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L’organisation internationale de défense des droits de l’Homme, basée à New York, qualifie cette répression sanglante de "probables crimes contre l’Humanité". Le 14 août 2013, des partisans de l’ancien président islamiste Mohamed Morsi se rassemblent sur les places Rabaa al-Adawiya et Nahda, en plein cœur du Caire. Les forces de sécurité emploient la manière forte pour les disperser : des tirs d’arme automatique éclatent et une pluie de grenades lacrymogènes tombe sur la première place. En une journée, l’intervention de la police et de l’armée fait près de 700 morts et des centaines de blessés.

>> Lire aussi : 12 pro-Morsi condamnés à mort pour le meurtre d’un général de police.

Washington "déçu" par cette décision

Les États-Unis, qui entretiennent des liens de coopération avec le gouvernement égyptien soutenu par l’armée ont indiqué être "déçus" de l’exclusion du responsable de HRW. "Nous continuons à avoir de sérieuses inquiétudes à propos des évènements d’août de l’année dernière et encourageons le gouvernement d’Égypte à mener des enquêtes transparentes", a souligné la porte-parole du département d’État américain Marie Harf à Washington.

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"Une société civile forte et vivante est importante pour le succès de la transition en cours en Égypte et nous allons continuer à persuader l’Égypte de cela", a-t-elle ajouté.

Le ministère égyptien de l’Intérieur a défendu lundi soir la décision d’interdire d’entrée les deux responsables. "Les autorités leur avaient notifié que leur visite avait été reportée en septembre, étant donné que les dates suggérées ne convenaient pas", a-t-il indiqué dans un communiqué. Il a également ouligné auprès de HRW que "la délégation ne serait plus autorisée à l’intérieur du pays avec des visas touristiques, étant donné que cela ne correspondait pas au but de la visite".

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Depuis la destitution de Mohamed Morsi par l’armée, plus de 16 000 Frères musulmans et sympathisants ont été emprisonnés, selon les organisations de défense des droits de l’homme. Des centaines ont été condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs, qualifiés par l’ONU de "sans précédent dans l’Histoire récente" du monde.

(Avec AFP)

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