Cameroun : l’organisation patronale s’inquiète des éventuels risques du programme du FMI
Dans un communiqué publié lundi 5 septembre, le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) se dit inquiet des « contraintes et risques importants » que fait peser le programme de réformes économiques et financières imposé par le FMI, en juin dernier, en échange d’une aide financière, et a formulé des remarques et propositions sur la mise en oeuvre de ces réformes.
Si le Gicam reconnait, dans un communiqué publié le 5 septembre, la pertinence du programme du FMI pour « rétablir la viabilité budgétaire et extérieure du pays et promouvoir une croissance génératrice d’emplois tirée par le secteur privé », il ne s’inquiète pas moins des « contraintes et risques importants » que celui-ci fait peser sur les entreprises.
L’organisation patronale prend acte de « la crise économique qui secoue la sous-région » mais se refuse à tout fatalisme économique, rappelant que l’intervention du FMI découle d’ »une insuffisance des capacités autonomes d’anticipation et d’ajustement permanent [du Cameroun]. » mais aussi du « manque de rigueur et de discipline dans la gouvernance économique de certains de nos partenaires régionaux ».
Poids des ajustements structurels
De ce fait, l’organisation patronale s’inquiète d’avoir à supporter le poids des ajustements structurels imposés à cause de la mauvaise gestion de ses partenaires de la Cemac.
Le pays s’est en effet engagé, dans le cadre d’un accord triennal signé en juin dernier au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) qui prévoit un prêt de 666,2 millions de dollars, à mener à bien un programme d’ajustement pour stopper le doublement de sa dette publique depuis 2012 et reconstituer des réserves tombées de 6 mois d’importations en 2015 à 3,7 mois fin 2016.
Pression fiscale
Ce programme comprend un « assainissement budgétaire fondé sur une augmentation des recettes non pétrolières », « une hiérarchisation des projets d’investissement public et « une rationalisation des dépenses courantes, tout en protégeant les dépenses sociales », à travers des réformes structurelles dans la mobilisation des recettes et la gestion des finances publiques.
Le Gicam, qui semble s’inquiéter de la possible augmentation de la pression fiscale et de l’austérité économique induites par ces mesures, a formulé une série de propositions déjà adressées au Premier Ministre dans une lettre datant du 25 août dernier. Il regrette, à ce titre, « l’implication insuffisante du secteur privé dans la formulation des nombreux engagements [pris avec le FMI, ndlr] qui impacteront la vie et l’avenir de très nombreuses entreprises au Cameroun à court et à moyen terme. »
Propositions de mesures fiscales et budgétaires
Parmi les propositions de mesures fiscales figurent ainsi « la suppression de la retenue à la source, la définition, sur une base concertée, de la liste des produits qui seront exclus de l’exonération de TVA afin d’assurer la parfaite neutralité de cette taxe pour les entreprises concernées, l’institution d’un mécanisme paritaire de suivi participatif des régimes dérogatoires et la mise en place rapide et effective des zones économiques prévues par la législation sur les investissements. »
Sur le plan douanier, le Gicam réclame la « rationalisation et une simplification des dispositifs de vérification, de contrôle et/ou d’inspection des marchandises ». L’organisation patronale demande également une réforme rapide du code des marchés publics pour le rendre davantage participatif.
Résistance aux chocs exogènes
Enfin, le Gicam formule une série de propositions destinées à diminuer l’exposition de l’économie du pays aux chocs exogènes, parmi lesquelles « la promotion de l’accès au foncier pour les entreprises » et leur « protection vis-à-vis de la distorsion de la concurrence » ou encore « la facilitation de l’accès aux financements (…) notamment des PME et des start-ups »
Dans un communiqué datant du 26 juin dernier, le FMI notait que « le Cameroun a été durement touché par le double choc des prix du pétrole et des menaces sécuritaires qui frappe la région de la CEMAC depuis 2014 et qui a entraîné une forte diminution des réserves de change communes. Après avoir initialement manifesté une certaine résilience grâce à une plus grande diversification de son économie, le Cameroun se heurte actuellement au ralentissement de sa croissance, au rétrécissement de ses marges de manœuvre budgétaire et extérieure et à l’augmentation rapide de sa dette publique ».
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