Le Tchad obtient 20 milliards de dollars de promesses d’investissements pour financer son plan de développement
Jeudi, dans un chic palace parisien, 500 bailleurs et investisseurs avaient répondu présent à la conférence de financement du Plan national de développement tchadien. À la clôture de la conférence vendredi, le pays estime que le total des engagements des secteurs public et privé s’établit à 20 milliards de dollars.
Article mis à jour vendredi 8 septembre 2017 : le Tchad annonce à la mi-journée un total d’engagements de 20 milliards de dollars.
Rue bouclée par les forces de l’ordre françaises et tout le rez-de-chaussée et le sous-sol du chic palace parisien Méridien Étoile dédiés à l’événement : la moisson devrait être bonne au terme de la conférence que le Tchad organise à Paris jusqu’au vendredi 8 septembre pour financer son Programme national de développement (PND) de 2017 à 2021. Environ 500 bailleurs et investisseurs y ont répondu présent, estimaient les organisateurs jeudi.
Nous pouvons aller jusqu’à 10 000 milliards de F CFA.
« Nous sommes larges », souffle même le « Monsieur PND » de la présidence tchadienne, chargé depuis Paris de faire la coordination des différents engagements publics et privés. L’objectif de 3 000 milliards de F CFA (4,5 milliards d’euros), évoqués à la tribune par le Président Idriss Déby Itno, accompagné de son homologue mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz invité pour l’occasion, pourrait être dépassés. « Nous pouvons aller jusqu’à 10 000 milliards de F CFA », estime même notre source.
Les acteurs privés présents en masse
Les promesses affichées mercredi par les groupes privés, à qui la journée de mercredi était consacrée, sont encourageantes : le groupe chinois de télévision payante StarTimes évoque 150 millions de dollars d’investissements dans le pays, alors que le constructeur Saudi Bin Laden Group avance 3 milliards de dollars et le rachat d’une partie de la dette intérieure tchadienne, selon des chiffres encore confidentiels consultés par Jeune Afrique.
Ngueto Tiraina Yambaye, le ministre de l’Économie et de la Planification du développement, assurait en fin de semaine dernière dans une interview à Jeune Afrique que le pays, qui a jusqu’ici fondé sa stratégie de développement sur les investissements publics, veut davantage s’appuyer sur les acteurs privés. Et ils étaient en effet nombreux.
Des Tchadiens, tel que le groupe Almanna qui envisage la construction d’un centre commercial à N’Djamena et le développement de ses activités avicoles. Ou encore Ali Artoune Adoudou, un Tchadien fondateur de Catalyx, une agence créée à New York en 2016 qui vise à accélérer le développement de projets d’infrastructures et travaille actuellement sur un réseau de distribution d’électricité au Tchad.
Mais aussi des internationaux, à l’instar du groupe énergétique italien Ascot qui évoque son intention de se développer dans le secteur de l’énergie au Tchad et indique avoir déjà conclu une lettre d’intention avec la Société nationale d’électricité tchadienne en mai.
Avalanche d’engagements
Avalanche d’engagements, donc pour les 300 projets promus par le Tchad dans le cadre de son PND. Et les institutions publiques ne sont pas en reste : l’Union européenne a promis 925 millions d’euros, bien plus que les 442 millions d’euros annoncés fin 2013 pour la période allant de 2014 à 2020. Makhtar Diop, le vice-président de la Banque mondiale, invité à la tribune, a quant à lui annoncé le doublement de la participation de l’institution financière internationale (214 millions de dollars sont déjà engagés au titre de l’année 2017).
« Cette conférence tombe à pic », veut croire Issa Mardo Djabir, député tchadien et président de la Commission spéciale chargée du Suivi de la Mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD).
Remonter la pente après la chute du pétrole
Et pour cause : grâce aux revenus du pétrole, dont la production a commencé en 2003 à Doba et dans le bassin de Bongor en 2010, le gouvernement a pu engager un programme d’investissements massif. De nouvelles infrastructures ont déjà transformé la silhouette de N’Djamena, des universités ont vu le jour dans les différentes régions du pays, le réseau routier a été largement amélioré, etc. Mais le prix du baril s’est écroulé, passant de 102 dollars début 2015 à 40 dollars aujourd’hui. Une catastrophe pour le pays, où la production pétrolière assurait 75 % des recettes de l’État ces dernières années.
La croissance de 2016 est d’ailleurs éloquente. Le Produit intérieur brut s’est contracté de 6% en 2016, estime le FMI qui vient de boucler un programme de soutien avec N’Djamena, alors qu’il affichait de spectaculaires taux de croissance supérieurs à 15% en 2015.
Mais dans les travées du Méridien Étoile, on raille « l’affichage » de cette conférence, en renvoyant à la réalité très difficile de l’économie tchadienne et à un niveau de corruption qui demeure élevé. Même son de cloche chez le syndicaliste Younous Mahadjir, le vice-président de l’Union de Syndicats du Tchad, qui regrette que le salaire de 60 000 fonctionnaires ait été réduit de 200 000 à 150 000 Francs CFA en moyenne, conséquence de l’une des mesures d’austérité prises par le Tchad.
Reste à s’assurer que les engagements pris seront tenus. Le Président Idriss Déby Itno a raillé les « annonces qui sont restées des annonces » lors du précédent plan de développement.
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