Tanzanie : Tundu Lissu, figure de l’opposition, grièvement blessé par balles
Il est l’un des plus virulents critiques du président John Magufuli. Le député tanzanien Tundu Lissu, numéro deux de l’opposition au Parlement, a été grièvement blessé par balles jeudi 7 septembre lors d’une attaque à son domicile, a annoncé son parti, le Chadema.
« L’attaque a eu lieu à midi à sa résidence de Dodoma [la capitale administrative, dans le centre du pays, NDLR]. Il a été grièvement blessé et transporté en urgence à l’hôpital régional de Dodoma », a indiqué dans un communiqué le Chadema, le principal parti d’opposition en Tanzanie. L’agression a eu lieu alors que Tundu Lissu sortait d’une session parlementaire, a ajouté le parti.
Tundu Lissu, figure de l’opposition tanzanienne, a été arrêté au moins six fois depuis le début de l’année. Il est notamment poursuivi pour « sédition » dans plusieurs affaires ouvertes devant les tribunaux. Également bâtonnier de l’ordre des avocats de son pays, il avait été arrêté pour la dernière fois le 22 août pour « insulte au chef de l’État », John Magufuli.
Il est également sous le coup d’une procédure pour « propos séditieux » après avoir révélé la saisie au Canada d’un avion commercial acheté par la Tanzanie. L’opposant avait affirmé qu’un Bombardier Q400, acheté par le gouvernement pour la compagnie aérienne nationale Air Tanzania, était retenu au Canada en raison d’un litige avec une société canadienne qui réclame 38 millions de dollars à la Tanzanie (32 millions d’euros).
Poursuivi pour ses critiques adressées à Magufuli
En juillet, Tundu Lissu avait été inculpé pour « discours de haine » et emprisonné, après avoir vertement critiqué le chef de l’État. Lors d’une conférence de presse, il avait qualifié le président de « dictateur », l’accusant de vouloir museler l’opposition et d’avoir mis en place « un système basé sur le favoritisme, le népotisme, le tribalisme et le régionalisme ».
Dénonçant les arrestations répétées de responsables du Chadema, Tundu Lissu avait également décrit un « climat de peur qui règne partout » en Tanzanie, avant d’affirmer qu’il était « grand temps que nous élevions tous la voix ».
Surnommé « Tingatinga » (bulldozer en swahili), le président Magufuli a marqué les esprits par son style abrupt et peu consensuel depuis sa prise de fonctions, fin 2015. Il s’est notamment montré inflexible dans la lutte contre la corruption.
Mais ses méthodes lui ont valu d’être qualifié d’autocrate et de populiste par ses détracteurs, alors que la liberté d’expression est de plus en plus réduite dans le pays, où des meetings d’opposants ont été interdits. La presse n’est pas épargnée : depuis son arrivée au pouvoir, des journaux ont fermés, et des journalistes et artistes ont été molestés ou menacés de mort pour avoir critiqué la nouvelle administration.
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