Kenya : la Commission électorale plus divisée que jamais

Le président de la Commission électorale kényane (IEBC) a admis l’existence de défaillances dans la conduite de l’élection présidentielle du 8 août, invalidée par la justice, dans une lettre interne envoyée à son directeur exécutif et divulguée jeudi par la presse. Des affirmations dont se sont désolidarisés plusieurs membre de la Commission, plus que jamais menacée d’éclatement.

Les juges de la Cour suprême du Kenya annoncent l’annulation de l’élection présidentielle, le 1er septembre 2017. © Sayyid Abdul Azim/AP/SIPA

Les juges de la Cour suprême du Kenya annoncent l’annulation de l’élection présidentielle, le 1er septembre 2017. © Sayyid Abdul Azim/AP/SIPA

Publié le 7 septembre 2017 Lecture : 2 minutes.

C’est toute une liste d’erreurs commises par son équipe dans l’organisation des élections qu’a listé le président de la Commission électorale (IEBC), Wafula Chebukati, dans une lettre datée du 5 septembre et que se sont procurés jeudi l’AFP et d’autres médias. Un mémo dans lequel Wafula Chebukati demande à son directeur exécutif, Ezra Chiloba, d’expliquer ces défaillances.

Saisie par l’opposant Raila Odinga, la Cour suprême du Kenya avait invalidé le 1er septembre la réélection du président sortant Uhuru Kenyatta en raison d’ »irrégularités » relevées dans la transmission des résultats. La Cour suprême avait observé que l’IEBC avait « échoué, négligé ou refusé » de conduire les élections conformément à la loi.

la suite après cette publicité

Des procès-verbaux sans l’authentification prévue

Dans cette lettre censée rester « confidentielle », dont l’authenticité a été confirmée par un responsable de l’IEBC, Wafula Chebukati s’étonne que certains procès-verbaux de bureaux de vote ne présentaient pas les signes d’authentification prévus par l’IEBC.

Autre incongruité listée par Wafula Chebukati : le fait qu’aucun des téléphones satellitaires déployés dans les bureaux non couverts par le réseau téléphonique n’aient fonctionné, malgré les coûts dépensés pour cet équipement. Il s’interroge aussi sur le fait qu’un compte avec un identifiant et un mot de passe à son nom, créé sans son accord et sans qu’il en ait eu connaissance, ait été utilisé 9 934 fois pour accéder au système informatique de l’IEBC.

Utilisation d’un serveur « poreux »

Wafula Chebukati ajoute également ne pas comprendre pourquoi les résultats de 10 366 des 40 883 bureaux de vote ont été envoyés par simple SMS, sans être accompagnés des formulaires censés faire foi. Il note que cela porte sur plus de 4,6 millions de votants (pour 19,6 millions d’inscrits).

Au sujet du système de transmission électronique des procès-verbaux venus de circonscriptions, il dénonce l’utilisation d’un serveur « poreux », posant un « clair risque sécuritaire ». Mardi, Raila Odinga n’avait pas ménagé ses critiques envers le système électronique de la commission électorale, dont il avait demandé un audit.

la suite après cette publicité

Risque d’implosion de la commission

Ni Wafula Chebukati, ni Ezra Chiloba n’ont, pour l’heure, commenté le contenu de cette lettre. Depuis l’invalidation du scrutin, une guerre larvée oppose les deux hommes. Wafula Chebukati a nommé mardi six personnes chargées d’organiser le nouveau scrutin du 17 octobre, écartant de fait certains hauts responsables de l’IEBC. Parmi ces derniers, Ezra Chiloba, qui conteste cette décision.

Cinq des sept commissaires de l’IEBC ont indiqué n’avoir pas été informés du contenu de la lettre. « Une lecture rapide de ce mémo montre que les accusations sont basées sur des informations qui n’ont pas été portées à l’attention de la Commission », ont-ils affirmé dans un communiqué. Des divergences qui illustrent combien l’IEBC est désormais divisée, laissant désormais planer des doutes sur sa capacité à organiser le scrutin du 17 octobre.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Contenus partenaires