Giresse : « Le Mali, actuellement, ne peut pas rivaliser avec les meilleurs »
En poste depuis le 1er avril 2015, Alain Giresse a démissionné de son poste de sélectionneur du Mali au surlendemain du match nul face au Maroc (0-0) en qualifications pour la Coupe du monde 2018, mettant les Aigles hors-course. Explications.
Jeune Afrique : Votre contrat avec le Mali devait s’achever en novembre prochain. Pourquoi ne pas être allé au bout de votre mission, alors qu’il ne reste que deux matches à disputer face au Maroc et au Gabon en qualifications pour la Coupe du monde 2018 ?
Alain Giresse : C’était le moment de partir. Je ne pouvais plus continuer ainsi. Ce n’est jamais facile de quitter un pays que j’apprécie, où j’ai vécu de très belles choses. C’était devenu trop compliqué. Il fallait arrêter maintenant.
Auriez-vous pu le faire après la défaite au Maroc le 31 août dernier (0-6) ?
J’y ai pensé… mais partir entre deux matches aussi rapprochés, ce n’était pas la bonne solution. Pour les joueurs, notamment.
Cette décision n’est pas intervenue brutalement…
C’était devenu compliqué ces derniers temps. La défaite au Maroc a fait beaucoup de mal, car elle est lourde, trop lourde. Elle a été concédée dans des circonstances particulières, car nous avons eu deux joueurs expulsés. Mais ce genre de match permet aussi de voir la réalité un peu plus en face. Par rapport aux ambitions affichées, aux objectifs fixés, il y a un décalage flagrant. Le Mali a de bons joueurs, c’est vrai, mais il ne faut pas perdre de vue une évidence.
Reconstruire une équipe, cela prend du temps
Laquelle ?
C’est une sélection qui a perdu des joueurs importants, car ils ont pris leur retraite internationale, comme Cédric Kanté, Seydou Keita et quelques autres. De nouveaux joueurs arrivent. Certains n’ont pas énormément de temps de jeu en club. Reconstruire une équipe, cela prend du temps. Le Mali, actuellement, ne peut pas rivaliser avec les meilleurs au niveau d’une CAN ou de matches qualificatifs pour la Coupe du monde.
La situation du football malien a-t-elle été un frein au bon accomplissement de votre mission ?
Il y a une crise qui dure depuis des années. Et le sportif est impacté, quand une fédération est fermée pendant un mois et demi. Cela complique les choses au niveau du fonctionnement. Si nous n’avons pas pu disputer de match amical en mars dernier, c’est en partie une des conséquences de cette situation.
Avez-vous craint pour votre sécurité ?
Le Mali n’est plus un pays aussi tranquille qu’avant. À Bamako, où il y a beaucoup de militaires et de policiers dans les rues, je ne me suis pas senti spécialement en insécurité. Ce qu’on peut toujours craindre, quand on est sélectionneur, c’est d’être pris pour cible par des supporters mécontents après un résultat. Évidemment, cela fait réfléchir aussi.
Qu’allez-vous faire prochainement ?
Me reposer, car j’en ai besoin. Mais j’ai envie de retravailler. On va voir dans les prochaines semaines. En Afrique ou ailleurs. L’Afrique, je connais très bien. Je sais comment ça fonctionne.
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