Un fabriquant d’armes allemand s’engage à ne plus exporter en Afrique
Heckler & Koch, un fabriquant allemand d’armes, a adopté en toute discrétion la politique de vente la plus éthique du monde dans ce secteur. L’entreprise, qui a notamment exclu de ses clients les États africains, s’est engagée à ne plus vendre d’armes dans les pays en guerre ou ne respectant pas des normes démocratiques et anti-corruption.
C’est la première fois qu’une société privée d’armement adopte une charte de contrôle à l’exportation plus éthique que celle de son propre gouvernement. Heckler & Koch s’est engagée à ne plus vendre d’armes dans les zones en guerre et dans les pays qui ne respectent pas certains standards démocratiques et de corruption. Parmi les pays concernés figurent l’Arabie Saoudite, Israël, les Émirats Arabes Unis, la Turquie, la Malaisie, l’Indonésie, l’Égypte et tous les autres pays africains, rapporte le Guardian.
Cette nouvelle politique n’a jamais été annoncée officiellement, mais figurait dans le rapport financier d’Heckler & Koch de l’année dernière et a été confirmé lors d’une assemblée générale, en août dernier, au cours de laquelle un porte-parole a affirmé que son groupe s’était « retiré des régions en crise à travers le monde ».
Fonds de dédommagement
Heckler & Koch, qualifiée de « compagnie allemande la plus meurtrière » par certains activistes, a déclaré qu’elle ne ferait affaire qu’avec les « pays verts », un label qui doit concentrer trois critères : l’appartenance à l’OTAN ou à un équivalent ; l’obtention d’un classement minimum sur l’indice de la corruption de l’ONG Transparency International et sur l’indice démocratique du Economist Intelligence Unit.
Les administrateurs du groupe ont également promis de réfléchir à la création d’un fonds de dédommagement pour les victimes de ses armes. Jürgen Grässlin, un vétéran allemand du combat contre le commerce des armes à déclaré au Guardian qu’une telle initiative serait « unique au monde ».
Aucun effet sur les contrats déjà signés
Il s’agit d’un changement radical pour l’entreprise, épinglée en 2010 pour avoir illégalement vendu des fusils d’assaut G36 au Mexique. Depuis 65 ans, Heckler & Koch a vendu ses armes à des pays comme l’Arabie Saoudite, le Pakistan, l’Iran ou encore la Turquie.
Cette nouvelle politique a été confirmée par le groupe au cours d’une assemblée générale, le 15 août dernier, au cours de laquelle des actionnaires activistes – des militants contre le commerce des armes ayant acheté une action – ont posé plus de 100 questions aux membres du conseil d’administration.
Si le groupe a adopté cette nouvelle charte éthique, il a néanmoins l’intention d’honorer ses contrats déjà signés. Et les mesures n’auront aucun effet aux États-Unis, qui abrite l’un des plus gros marchés du groupe.
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