Accusée d’avoir mené une campagne raciste en Afrique du Sud, l’agence Bell Pottinger au bord de l’implosion

Confrontée à une crise sans précédent, l’agence de communication britannique Bell Pottinger est plus que jamais fragilisée. Après son exclusion de l’association professionnelle du secteur des relations publiques, la démission du directeur général et la perte d’importants clients, l’entreprise a annoncé sa mise en vente, alors que sa filiale au Moyen-Orient veut se séparer de la maison mère.

Immeuble abritant le siège de Bell Pottinger, à Londres, le 5 septembre 2017 © Matt Dunham/AP/SIPA

Immeuble abritant le siège de Bell Pottinger, à Londres, le 5 septembre 2017 © Matt Dunham/AP/SIPA

Publié le 11 septembre 2017 Lecture : 2 minutes.

« Je crois qu’on s’approche de la fin », a déclaré à la chaine BBC2 Lord Bell, fondateur de l’agence de communication Bell Pottinger ébranlée par un scandale aux relents racistes, en Afrique du Sud. L’entreprise, qui a été exclu pour au moins 5 ans de l’association professionnelle britannique du secteur des relations publiques, la Public Relations and Communications Association (PRCA), a annoncé mercredi dernier sa mise en vente.

À l’origine de cette descente au enfer, une plainte auprès du PRCA du principal parti d’opposition d’Afrique du Sud, l’Alliance Démocratique, concernant une campagne de communication menée par Bell Pottinger pour le compte des Guptas.

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Faux comptes twitter et hashtag raciste

L’entreprise Oakbay, détenu par les Guptas, a payé 100 000 £ (environ 110 000 euros) par mois à Bell Pottinger pour ses activés de conseil en lobbying et relations publiques. Dans le cadre de ce contrat, Bell Pottinger est accusée d’avoir supervisé la création de faux comptes Twitter et d’avoir diffusé le hashtag #WhiteMonopolyCapital pour attaquer de célèbres hommes d’affaires blancs en Afrique du Sud, qualifiés d’agents du «capital monopolistique blanc », afin de détourner l’attention de la famille Gupta.

La firme anglaise a mis fin au contrat en avril dernier. Dans une lettre d’excuse publiée en juillet, le directeur général James Henderson a reconnu que cette campagne de communication sur les réseaux sociaux était « inappropriée et insultante », avant de démissionner début septembre.

Perte de clients et démembrement

Le scandale a déjà fait perdre à l’entreprise d’importants clients, dont la banque d’investissement Investec, HSBC, et Richemont, un groupe spécialisé dans les produits de luxe, dont certains dirigeants avaient été visés par la campagne d’Oakbay.

Le cabinet d’expertise comptable BDO a été chargé d’étudier les différentes options de mise en vente de l’entreprise qui emploie près de 250 personnes dans ses bureaux de Londres, et ses divisions Asie et Moyen-Orient.

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La division Moyen-Orient, qui possède des bureaux à Abu Dhabi et Dubaï, a d’ailleurs annoncé à la BBC être en discussion avec la société mère, à Londres, pour s’en séparer. « En tant qu’entité légale distincte, Bell Pottinger Middle East (BPME) n’est pas concernée par ces procédures et est donc en mesure de déterminer son propre futur », a déclaré la direction de la branche de l’entreprise britannique dans un communiqué.

Réputation sulfureuse

Bell Pottinger a été fondée par Lord Bellun spin doctor de Margaret Thatcher qui a rencontré la famille Gupta début 2016, mais qui affirme avoir déconseillé son groupe de faire affaire avec eux. Il a depuis quitté l’entreprise qui porte son nom. Parmi les clients passés par les services de Bell Pottinger, on retrouve notamment les noms de la Fondation Pinochet ou encore de la Première dame syrienne Asma el-Assad.

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La famille Gupta, qui a bâti un empire économique en Afrique du Sud allant des médias aux mines, est accusée d’utiliser ses relations avec le président Zuma et sa famille pour faire des affaires. Les Guptas et Jacob Zuma ont nié à plusieurs reprises ces accusations.

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