Procès Pistorius : l’implacable réquisitoire du procureur Gerrie Nel

À l’issue d’un réquisitoire de près de cinq heures, le procureur du procès d’Oscar Pistorius a requis jeudi la « condamnation pour meurtre » de l’athlète sud-africain. La défense doit prendre la parole vendredi.

Le champion paralympique Oscar Pistorius au tribunal de Pretoria. © AFP

Le champion paralympique Oscar Pistorius au tribunal de Pretoria. © AFP

Publié le 7 août 2014 Lecture : 3 minutes.

Le réquisitoire aura duré près de cinq heures. Cinq heures durant lesquelles le procureur Gerrie Nel s’est employé à démolir la défense d’Oscar Pistorius lors de la reprise de son procès, jeudi 7 août. Il a finalement requis la "condamnation pour meurtre" du champion paralympique, qu’il accuse d’avoir abattu sciemment sa petite-amie.

"Si elle rejette la fausse version inventée par l’accusée, la Cour n’aura pas d’autre choix que d’admettre que l’accusé savait que la victime était dans les toilettes, et a tiré quatre fois intentionnellement sur elle dans le but de la tuer", a-t-il déclaré à la fin de son intervention.

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Le procureur a même envisagé le cas, très peu probable selon lui, dans lequel la cour accepterait l’une des versions de Pistorius, le tir incontrôlé et involontaire sous l’effet de la panique. "Même dans ce cas, souligne-t-il, l’accusé ne peut pas échapper à une condamnation pour homicide involontaire".

"Un témoin effroyable"

Lors d’un réquisitoire sans effets de manche, Gerrie Nel a entrepris de relever treize "mensonges" capitaux de l’accusé pour appuyer son argumentaire devant une salle bondée au tribunal de Pretoria. "Il n’y avait que deux personnes dans la maison. L’une a été tuée et l’autre a survécu" en ce matin du 14 février 2013, a-t-il rappelé.

Selon le parquet, Reeva Steenkamp se serait réfugiée dans les toilettes pour fuir la colère de son ami, avant qu’il ne l’abatte en tirant quatre balles surpuissantes à travers la porte.

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Pour Gerrie Nel, l’accusé a été "un témoin effroyable" qui s’est contredit à plusieurs reprises et sa version des faits est "absolument dénuée de toute vérité". Selon lui, les évènements de cette nuit de Saint-Valentin 2013 est une "horrible mosaïque". Le procureur a estimé qu’Oscar Pistorius était davantage concerné par les conséquences [de son témoignage] que par la vérité", et, de fait, "intéressé à défendre sa vie en fabriquant son témoignage".

Il a également accusé le champion paralympique de blâmer ses avocats lorsqu’il ne pouvait s’expliquer et critiqué sa mémoire sélective. L’athlète avait d’abord expliqué avoir tué Reeva Steenkamp, un mannequin de 29 ans, par erreur en la prenant pour un cambrioleur caché aux toilettes. Il a ensuite modifié sa version des faits, disant avoir tiré par réflexe, sans intention de tuer qui que ce soit.

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La personnalité de l’accusé vivement critiquée

"Au moins, nous n’avons pas eu de coups de feu dans tous les sens. (…) Nous avons un tir bien groupé", a ensuite ironisé Gerrie Nel, qui a montré l’impact des balles mortelles sur la porte des toilettes, installée près de lui. Entre autres attaques sur la version de Pistorius, il a relevé que celui-ci "n’a pas d’équilibre sur ses moignons, ne peut pas courir, mais a couru entre la chambre et la salle de bain [sur laquelle donnent les toilettes] sur ses moignons". "Pas possible !"

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Il s’est aussi attardé sur la personnalité de l’accusé, égoïste, qui ne prend, selon lui, jamais ses responsabilités et dit à la sécurité que tout va bien au lieu d’appeler à l’aide quelques minutes après le drame. Pendant ce réquisitoire que la juge Thokozile Masipa a trouvé un peu long, Oscar Pistorius s’agitait sur son banc, et a baillé à plusieurs reprises.

Son père, Henke Pistorius, est venu à l’audience pour la première fois jeudi, de même que celui de Reeva, Barry Steenkamp. En revanche, le frère aîné de l’accusé, Carl Pistorius, était absent. Victime d’un accident de voiture le week-end dernier, il est selon sa famille toujours en soins intensifs.

La parole à la défense vendredi

La parole reviendra à la défense, vendredi, avec la plaidoirie de l’avocat Barry Roux. Si une expertise a retenu que Pistorius était responsable de ses actes – et ne souffre pas de désordre d’anxiété généralisée comme l’avait diagnostiqué une psychiatre citée par la défense -, Me Roux estime que l’athlète amputé des deux jambes en dessous du genou est rendu hypersensible par son handicap.

Ce n’est ni l’accusé ni son avocat qui aura le dernier mot mais le procureur, car Gerrie Nel doit reprendre la parole après la plaidoirie de la défense, quitte à ce que la Cour joue les prolongations vendredi après-midi.

La juge Thokozile Masipa rendra son verdict à une date ultérieure, après une éventuelle négociation de la peine, et mettra fin à un long feuilleton télévisé qui passionne – et divise – les Sud-Africains depuis le 3 mars. Oscar Pistorius risque une peine incompressible de vingt-cinq ans de prison s’il est reconnu coupable d’assassinat.

(Avec AFP)

 

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