Terrorisme : Boko Haram aurait recruté plusieurs centaines de jeunes au Cameroun
Boko Haram est désormais bien implanté au Cameroun selon des sources policières et civiles dans le nord du pays. Le groupe islamiste y enrôlerait depuis des mois des centaines de jeunes gens pour les entraîner.
Selon des sources policières et civiles, le nord du Cameroun est devenu depuis plusieurs mois une zone de recrutement et d’entraînement du groupe islamiste nigérian Boko Haram. Celui-ci y aurait enrôlé depuis des mois des centaines de jeunes Camerounais pour les entraîner au combat afin qu’ils attaquent leur propre pays.
"Boko Haram a beaucoup recruté de jeunes" dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, frontalière du Nigeria, souligne sous couvert d’anonymat un commissaire de police en poste dans cette partie du pays. Les islamistes ont formé ces jeunes Camerounais "pour attaquer le Cameroun", s’alarme le policier. "Ils leur demandent aujourd’hui de faire leurs preuves chez eux-mêmes".
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Il n’existe pas de chiffres précis sur le nombre de ces jeunes recrues camerounaises, mais des sources sécuritaires locales parlent de plusieurs centaines. En avril dernier, un inspecteur de police détaché dans la zone parlait d’environ 200 jeunes (âgés de 15 à 19 ans) recrutés en deux mois à Kolofata, localité frontalière dans la province de l’Extrême-Nord.
"Remonter au front"
Ces jeunes ont désormais "achevé leur formation", prévient aujourd’hui le même inspecteur. "Certains sont rentrés récemment dans leurs villages avant de remonter au front". "Lors d’une réunion, (le vice-Premier ministre) Amadou Ali avait dit qu’il détenait ‘une liste de 450 jeunes’ de Kolofata (sa ville d’origine) qui ont été recrutés par Boko Haram", rapporte le commissaire déjà cité.
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Ses informations étaient prémonitoires : le domicile de ce même ministre, personnalité-clé dans la gestion du dossier Boko Haram par les autorités camerounaises, a été la cible d’un raid spectaculaire le 27 juillet. Le ministre était absent au moment de l’attaque, mais son épouse a été enlevée, ainsi qu’une quinzaine d’autres personnes, dont le sultan de Kolofata, sans doute pour être amenées au Nigeria. Au moins 15 personnes, dont des militaires et gendarmes, ont été tuées.
"Des enfants du village (de Kolofata) et de la région faisaient partie des assaillants", affirme sous couvert d’anonymat un proche d’Amadou Ali. Les assaillants, au moins 200 selon les témoignages, arboraient des tenues semblables à celles d’une unité de l’armée camerounaise. "La facilité avec laquelle les auteurs de cette attaque ont circulé dans la ville, la manière dont ils maîtrisaient les rues et la précision avec laquelle ils ont attaqué les domiciles du vice-Premier ministre et du sultan nous confortent dans l’idée que certains Camerounais étaient dans leurs rangs", jouant notamment "le rôle d’éclaireurs", souligne le proche du vice-Premier ministre.
"Des gars de Kolofata"
"Il y avait parmi eux des gars de Kolofata", confirme le commissaire de police. "Plusieurs témoins ont affirmé que les assaillants s’exprimaient pour certains en kanuri, en anglais, en haoussa, en arabe et curieusement en français", rapporte de son côté un proche du sultan enlevé. Si les autres langues sont parlées des deux côtés de la frontière, le français est essentiellement pratiqué au Cameroun. "Des enfants de Kolofata ont été enrôlés, drogués, manipulés et envoyés contre leur propre ville", tranche ce notable.
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Pour lui, la contagion islamiste a gagné l’Extrême-Nord camerounais : Boko Haram compte à présent "de nombreux sympathisants" dans cette région classée parmi les plus pauvres du pays, et notoirement sous-scolarisée. Ce qui laisse inévitablement présager de nouvelles attaques, "et peut-être pas seulement dans l’extrême-nord du Cameroun", avertit un bon connaisseur de la région, redoutant des attentats dans le sud du pays.
Boko Haram a commencé en 2012 à mener des raids dans l’extrême-nord du Cameroun, notamment à Fotokol, Makary, Dabanga et Kousseri. Ces incursions sont restées pendant longtemps des actes isolés et très localisés. Mais depuis le rapt d’une famille française en février 2013, les attaques du groupe islamiste se sont multipliées sur le sol camerounais et, d’une zone refuge, l’Extrême-Nord est devenu une zone de combat où plus d’un millier de militaires ont été déployés, notamment des soldats du BIR, le Bataillon d’intervention rapide, unité d’élite de l’armée.
(Avec AFP)
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