Guerre à Gaza : quand les célébrités s’en mêlent

Sur les réseaux sociaux, l’universitaire et islamologue suisse Tariq Ramadan s’est confronté au rappeur Booba, lassé des prises de positions de ses fans : "Tous ceux qui croient aider la Palestine avec des posts Instagram, Facebook, etc., vous faites vraiment pitié, bande d’hypocrites. Pas d’politique ici. Si vous voulez aider aller sur le terrain bande de truffes ou sinon fermez-la à jamais !", a-t-il posté le 11 juillet sur Instagram, avant de supprimer son message un mois plus tard.

La réponse de Tariq Ramadan, très actif lui aussi sur les réseaux sociaux, ne s’est pas fait attendre. Le professeur lui a renvoyé ses critiques, via Facebook cette fois-ci  : "Grand courageux, en effet, Booba. Mais qui donc est hypocrite ? Ses fans ou lui-même qui affirme ne pas faire de politique en prenant la décision, très politique, non seulement de se taire sur ce massacre mais d’interdire que l’on soutienne les Palestiniens opprimés ? Hypocrite, en effet, et honteux."

"On n’arrête pas les chars avec la 3G"

Booba a alors répliqué par un long argumentaire en sept points, à sa manière : "Wesh Tarik (sic), tu as un C.A.P secrétariat ou quoi?". Se définissant "ni pro-Israélien ni pro-Palestinien ni pro-zobi", il a interpellé les internautes : "Il fut un temps où les révolutions se faisaient dans la rue et pas caché derrière son ordi. (…) Pour arrêter la guerre, il faut la faire. Si j’affrète un avion demain pour la Palestine combien monteront?", a-t-il lancé, avant de résumer : "On n’arrête pas les chars avec la 3G", c’est-à-dire avec des messages virtuels.

Pour Tariq Ramadan, c’est justement cette neutralité qui fait du rappeur un pro-Israélien. Sa position est "indécente" et "honteuse", a-t-il souligné sur Facebook. "Bravo ! Voilà une belle neutralité qui ne serait pas ‘politique’. (…) Quand un éléphant se dispute avec une souris, dire que l’on est neutre, c’est avoir pris le parti de l’éléphant (…). Les bombes pleuvent sur Gaza, le massacre continue, et le rappeur est neutre et ne condamne pas la politique israélienne… C’est beau!"

• Pedro Almodóvar, Pénélope Cruz et Javier Bardem contre Jon Voight :

Des dizaines d’artistes espagnols ont élevé la voix contre l’opération "Bordure protectrice" menée par l’armée israélienne en publiant une lettre ouverte. Parmi eux, les célèbres acteurs Javier Bardem, Penelope Cruz et le réalisateur Pedro Almodovar, qui n’hésitent pas à dénoncer un "génocide" tout en appelant l’Union européenne à "condamner les bombardements par terre, mer et air contre la population civile palestinienne dans la bande de Gaza", selon le site The Hollywood Reporter. Les stars exigent également une levée du blocus de Gaza.

Auparavant, dans une lettre publiée le 25 juillet sur eldiaro.es, Javier Bardem dénonçait avec davantage de virulence une "guerre d’occupation et d’extermination contre un peuple sans moyens" ainsi que l’inaction de la communauté européenne : "Je suis européen et j’ai honte d’une communauté qui prétend me représenter avec son silence et qui n’éprouve aucune honte". Pour l’acteur espagnol, "il n’y a pas de place pour la neutralité".

"Je suis maintenant traité d’antisémite"

Quelques jours plus tard, Jon Voight, l’acteur américain et père d’Angelina Jolie, a vivement réagi à cette lettre. Dans une tribune publiée dans le Hollywood Reporter, le comédien de 75 ans attaque les principaux protagonistes, les accusant d’attiser l’antisémitisme : "Mon nom est Jon Voight et je suis plus qu’énervé, je suis écœuré que des gens comme Penelope Cruz et Javier Bardem incitent l’antisémitisme à travers le monde et ne soient pas conscients du mal qu’ils causent", écrit cette figure emblématique du cinéma des années 1970.

Puis il s’en prend au couple de manière plus personnelle, sous-entendant une ingratitude de leur part envers les États-Unis : "Vous avez pu devenir célèbres et faire fortune grâce à un pays démocratique : l’Amérique. Pensez-vous que vous auriez pu accomplir tout cela en Iran, en Syrie, au Liban, etc. ?", leur demande-t-il. Une attaque peu surprenante de la part de Jon Voight, pro-israélien de longue date.

Pour apaiser les tensions, le couple espagnol a dû se justifier et clarifier certains points à travers des communiqués de presse, chacun leur tour. Mercredi 29 juillet, Pénélope Cruz a expliqué que sa "seule motivation", en signant cette lettre, était "l’espoir d’une paix entre Israël et Gaza", pour qu’il n’y ait plus de victime, "d’un côté comme de l’autre de la frontière". Le lendemain, Javier Bardem déclare : "Si je me suis montré critique envers la réponse militaire israélienne, j’ai le plus grand respect pour le peuple d’Israël et la plus profonde compassion pour ses pertes humaines", avant d’ajouter, vexé : "Je suis maintenant traité d’antisémite, tout comme ma femme, ce qui est l’antithèse de tout ce que nous sommes en tant qu’êtres humains."

• Christiano Ronaldo :

Le soutien au peuple palestinien du footballeur portugais Cristiano Ronaldo est bien connu. L’attaquant du Real Madrid aurait récemment fait un don de 1,5 million d’euros pour les enfants palestiniens dans la bande de Gaza, à travers le don à la fondation Real Madrid de son Soulier d’Or obtenu en 2011. La fondation aurait ensuite vendu le trophée aux enchères et récolté 1,5 million d’euros pour construire des écoles dans la bande de Gaza.

L’année dernière, Ronaldo avait vendu la plupart de ses crampons lors d’une vente aux enchères de la Fondation Real Madrid consacrée elle aussi à la collecte de fonds pour les écoles dans la bande de Gaza. Sur Internet, on retrouve plusieurs photos du joueur portant une écharpe aux couleurs de la Palestine ou tenant une pancarte avec l’inscription : "Todos con Palestine".

>> Lire aussi : Deux footballeurs s’affrontent sur Twitter à propos de l’intervention israélienne à Gaza.

• Massive Attack :

Le groupe britannique Massive Attack est très engagé en faveur de la cause palestinienne. Le mardi 29 juillet, ses membres ont dédié aux enfants palestiniens l’intégralité de leur concert au Liban, dans la ville de Byblos, à moins de 300 km de Gaza. Ils ont condamné à plusieurs reprises les "massacres" d’Israël, devant un public conquis.

Sur scène, plusieurs messages lumineux défilaient en anglais pour rappeler la situation des Gazaouis, tels que "Gaza est occupé ou soumis à des restrictions depuis 1948" ou encore "8 juillet : Israël a commencé son opération ‘Bordure protectrice’. Population de Gaza : 1 816 000. Bilan des morts israéliens : 60. Civils 7. Morts palestiniens 1200. Civils : 864."

Refus de jouer en Israël

Robert Del Naja, l’un des fondateurs de Massive Attack, dénonce le bombardement d’une zone sous blocus, d’où les civils ne peuvent s’échapper. Puis, il fustige dans les coulisses après le concert : "Pour vous protéger, voulez-vous vraiment massacrer un autre peuple ? Au 21e siècle, c’est réellement inimaginable". Tout comme Javier Bardem, le chanteur critique la passivité de la communauté internationale. "Les politiciens demeurent silencieux. C’est illogique. Cela donne l’impression qu’ils ne sont pas aux postes qu’ils occupent". En signe de protestation, le groupe a refusé de jouer en Israël.

 

• Rihanna :

La chanteuse a affiché un timide soutien à la Palestine le 16 juillet par le biais d’un tweet "#FreePalestine" avant de se rétracter huit minutes plus tard en le supprimant. Après de nombreuses critiques, elle l’a remplacé par un message plus neutre : une photo de deux enfants, l’un palestinien, l’autre israélien, accompagnée du tweet : "Prions pour la paix et une fin rapide du conflit israélo-palestinien ! N’y a-t-il aucun espoir ?…"

Let’s pray for peace and a swift end to the Israeli-Palestinian conflict! Is there any hope?…. pic.twitter.com/jHD56KXkcu

— Rihanna (@rihanna) 15 Juillet 2014

• Kerry Washington :

Autre légère prise de position, celle de l’actrice américaine Kerry Washington. L’héroïne de la série Scandal a retweeté un article de Newsweek au sujet des quatre enfants morts sur une plage de la bande de Gaza, à la suite des bombardements de l’armée israélienne. 

Heart breaking “@Newsweek: A 1st-hand account of deadly strike on #Gaza port that killed 4 children: http://t.co/xLsUDmTjiY via @GuardianUS”

— kerry washington (@kerrywashington) 16 Juillet 2014