Kenya : Uhuru Kenyatta à l’offensive face à un Parlement déserté par l’opposition

L’opposition kényane a boycotté mardi le discours d’Uhuru Kenyatta devant le Parlement, marquant l’ouverture officielle de la nouvelle législature. Les partisans de Raila Odinga considèrent que le président kényan, dont la victoire à l’issue des élections du 8 août dernier a été invalidée par la Cour suprême, n’avait pas la légitimité pour prononcer ce discours.

Uhuru Kenyatta, lors d’un rassemblement électoral à Nairobi le 9 septembre 2017. © Ben Curtis/AP/SIPA

Uhuru Kenyatta, lors d’un rassemblement électoral à Nairobi le 9 septembre 2017. © Ben Curtis/AP/SIPA

Publié le 13 septembre 2017 Lecture : 3 minutes.

C’est devant un Parlement tout entier acquis que Uhuru Kenyatta s’est exprimé, ce mardi 12 septembre. Un discours traditionnel qui marque le début officiel de la nouvelle législature, dont les députés sont issus des élections du 8 août dernier, qui prenait cette fois un relief particulier, tant le contexte de crispation est grand.

La Constitution kényane impose en effet au président nouvellement élu de convoquer le Parlement dans les 30 jours suivant l’élection législative. Sauf que la victoire d’Uhuru Kenyatta – crédité par la Commission électorale (IEBC) de 54,27% des voix, contre 44,74% à l’opposant Raila Odinga – a été invalidée par la Cour suprême le 1er septembre. De nouvelles élections sont programmées pour le 17 octobre prochain dans le pays, où la campagne électorale bat à nouveau son plein.

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L’opposition et les juges absents

Les députés de la Nasa, la coalition de partis d’opposition rangés derrière la candidature de Raila Odinga, récusant la légitimité d’Uhuru Kenyatta, ont donc boycotté le discours. Les sept juges de la Cour suprême, qui sont habituellement présents à ce discours d’ouverture, étaient eux aussi absents.

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« Peu importe que le bruit politique soit plus fort pendant les élections, je veux assurer chaque Kényan, et le monde, que chaque branche de ce gouvernement est en place et opérationnelle. Il n’y a pas de vide, pas de lacune », a lancé Uhuru Kenyatta devant les députés.

Même si je suis en désaccord profond avec cette décision, je l’ai acceptée

Mais là où, traditionnellement, le président élu livre un véritable discours de politique générale, Uhuru Kenyatta s’est contenté de considérations générales et de commentaires sur la situation inédite dans laquelle se trouve le pays. « Même si je suis en désaccord profond avec cette décision [de la Cour suprême], je l’ai acceptée », a-t-il assuré.

Des propos en contradiction avec ceux qu’il avait tenu au lendemain de la décision de la plus haute juridiction kényane, considérant alors que les juges avaient « décidé qu’ils avaient plus de pouvoirs que plus de 15 millions de Kényans qui ont fait la queue pour voter » et qu’il faudrait « régler le problème » une fois les nouvelles élections terminées.

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Bras de fer Kenyatta-Odinga

Uhuru Kenyatta s’en est également pris directement à l’opposition, notamment concernant les accusations de la Nasa sur un piratage informatique des serveurs lors du décompte des voix. « Une marque sur un bulletin vaut plus que la technologie, plus qu’un système informatique », a-t-il lancé. « Cette marque est le choix du peuple souverain. Son choix est sacré et ne doit plus jamais être ignoré. »

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Au même moment, l’opposition tenait un nouveau grand meeting dans son bastion de Kibera, le plus grand bidonville de Nairobi. Raila Odinga a raillé la cérémonie au Parlement, la qualifiant de « réunion électorale de Jubilee », le parti d’Uhuru Kenyatta. « Le Parlement ne peut être ouvert que par un président validement élu. Ce qu’il n’est pas », a martelé l’opposant.

Dans une interview accordée à Jeune Afrique, Raila Odinga a réitéré ses critiques à l’encontre de l’IEBC, dont il demande une refonte totale avant le scrutin du 17 octobre sous peine de boycotter le scrutin. « La communauté internationale doit s’impliquer, sinon le pays va glisser vers une grave crise », a-t-il également plaidé, pointant par ailleurs la responsabilité présumée de l’entreprise française OT-Morpho dans les dysfonctionnements du processus électoral. « Nous désapprouvons l’attitude de OT-Morpho au cours du processus électoral. Selon nos informations, il y a eu des collusions entre cette entreprise et le gouvernement kényan pour faciliter la fraude », a-t-il accusé.

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