Guinée : les manifestations réclamant le retour de l’électricité tournent à l’émeute à Boké

Un jeune homme a été tué et une trentaine d’autres personnes blessées mercredi à Boké, dans le nord-ouest de la Guinée, au cours d’affrontements entre des manifestants réclamant le raccordement à l’eau et à l’électricité et les forces de l’ordre, ont annoncé des témoins et des sources hospitalières.

Des policiers en faction, lors d’une manifestation de l’opposition à Conakry, en février 2013. © Youssouf Bah/AP/SIPA

Des policiers en faction, lors d’une manifestation de l’opposition à Conakry, en février 2013. © Youssouf Bah/AP/SIPA

Publié le 14 septembre 2017 Lecture : 2 minutes.

Le jeune homme tué, Etienne Kamano, 25 ans, « a reçu une balle dans la tête » pendant cette manifestation qui a viré à l’émeute à Boké mercredi 13 septembre, a raconté le Dr Bernard Léno, le chef du service des urgences de l’hôpital de cette ville située à quelque 300 km au nord-ouest de la capitale Conakry. Vingt-neuf autres personnes, blessées, dont deux policiers et trois gendarmes, étaient soignées au même endroit, selon une source hospitalière. En mai, Au moins cinq personnes avaient été blessées à Conakry dans des violences liées à un mouvement de protestation contre les coupures d’eau et d’électricité.

Nous voulons du courant, de l’eau, de l’emploi pour les jeunes

Les manifestations ont débuté mardi de façon pacifique jusqu’au déploiement, mercredi, des forces de l’ordre, selon des habitants de Boké. « Nous voulons du courant, de l’eau, de l’emploi pour les jeunes. Nous avons faim alors que notre région renferme les 2/3 de la surface bauxitique de la Guinée », a déclaré l’un des manifestants, Thierno Sow, joint de Conakry par l’AFP. « Nous avons trouvé ce matin la ville quadrillée par des forces de police et de gendarmerie venues de Conakry », a expliqué un autre habitant de la ville, Aly Soumah.

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Selon lui, « cette irruption surprise a mis en colère les jeunes, qui ont commencé à se regrouper dans le centre-ville avant de jeter des cailloux ». Les manifestants ont ensuite « attaqué et vandalisé une brigade de gendarmerie et deux véhicules de la police et mis à sac un hôtel », a rapporté un autre témoin. Les forces de l’ordre ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène et à l’aide de matraques, avant de tirer à balles réelles, a raconté Mahfouz Sow, un responsable d’une association de la société civile.

Une ville paralysée toute la journée

Selon la gérante d’un restaurant, Maguérite Bourré, « toute la ville est restée paralysée les commerces, les stations-service, les transports, rien n’a fonctionné ». Des tirs sporadiques étaient encore entendus en soirée dans le centre-ville, a déclaré un vétérinaire, Ousmane Diallo.

« Nous voulons sauver ce qui peut l’être, ce qui est en train de se passer à Boké n’est pas souhaitable, le courant peut manquer dans un endroit, mais ce n’est pas comme ça qu’il faut revendiquer », a réagi  le gouverneur de la région de Boké, le général Siba Lohalamou.

« Nous demandons aux populations un peu de civisme et de tolérance », a-t-il ajouté, assurant que « le problème » allait être réglé. « La centrale de Boké a enregistré une panne dans la nuit du 4 au 5 septembre », a quant-à lui expliqué l’administrateur de la Société d’électricité de Guinée, Abdenbi Attou, qui a promis un retour du courant « dans les meilleurs délais ».

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Malgré la richesse du sous-sol de la Guinée en bauxite, or, diamant et minerai de fer, plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté, avec moins d’un euro par jour, selon l’ONU.

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