Tchad : bras de fer et boules puantes au ministère de la Justice

Le ministre tchadien de la Justice est sous le feu des critiques d’une partie du corps judiciaire qui réclame son départ. Selon son entourage, Me Bechir Madet est victime d’une cabale d’un lobby qui ne supporte pas sa croisade contre la corruption.

Béchir Madet et Jean-Bernard Padaré. © DR/montage J.A.

Béchir Madet et Jean-Bernard Padaré. © DR/montage J.A.

Publié le 6 août 2014 Lecture : 2 minutes.

Les deux syndicats tchadiens de la magistrature, aphones depuis plusieurs mois, sont devenus audibles depuis le 25 juillet. Outrés par ce qu’ils considèrent, venant du ministre de la Justice, Me Bechir Madet, comme une insulte à leur profession, ils ont publié un communiqué demandant le départ du Garde des sceaux, qui se serait rendu coupable "de déclarations sans fondements à l’endroit des magistrats dans les médias", de "dérapages" et "d’ingérences dans les affaires judiciaires".

En cause : des sorties du ministre dans la presse contre l’incompétence voire la corruption de certains magistrats. Dans l’entourage du ministre, ces accusations font sourire. On indique que la subite agitation des magistrats est mue par la volonté d’étouffer la publication prochaine d’un rapport de contrôle du ministère de la Moralisation qui mettrait en cause plusieurs responsables du syndicat.

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Libération de prisonniers

Au sujet des "ingérences" dans les affaires judiciaires, le ministre de la Justice est notamment critiqué pour avoir fait libérer des prisonniers détenus trop longtemps, sans procès. "C’est sur la base d’un rapport de l’inspection du ministère de la Justice nous suggérant de procéder à ces élargissements avant que les ONG de défense des droits de l’homme ne nous tombent dessus, que nous avons libéré ces prisonniers", explique un membre du cabinet. Le 2 août, le syndicat national du personnel de greffes (Synapgref) a d’ailleurs pris ses distances avec la fronde des magistrats, indiquant dans un communiqué "ne pas se sentir concerné".

Troublante coïncidence : le mouvement d’humeur des magistrats coïncide avec le retour surprise de l’ancien garde des Sceaux, Jean-Bernard Padaré, après un vrai-faux exil qui l’a conduit en France suite à des démêlés judiciaires. Comme le rapport du ministère de la Moralisation, qui devrait être publié cette semaine et qui pourrait incriminer les membres du syndicat date de la période ce dernier était en fonction ‎, il est possible, selon beaucoup d’observateurs, qu’on assiste à un règlement de comptes entre les partisans de l’ancien Garde des sceaux (Padaré) et ceux de son successeur (Madet). Et comme par hasard, dimanche soir, la blogosphère bruissait d’une affaire mettant en cause l’actuel ministre de la Justice et un autre notaire en froid avec Padaré. Un nouveau feuilleton dans un psychodrame gouvernemental qui risque fort de durer…

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