RDC : le travail des enfants dans les mines en chiffres
Le 30 août à Kinshasa, Lambert Matuku Memas, le ministre d’État en charge de l’Emploi et de la Prévoyance sociale, a annoncé que le pays s’engageait à éliminer le travail des enfants dans le secteur minier d’ici à 2025.
L’annonce a été faite en présence de plusieurs membres du gouvernement lors d’un atelier de validation de la nouvelle stratégie nationale visant à lutter contre le travail des enfants dans les mines artisanales de cobalt en République démocratique du Congo (RDC).
Le gouvernement a-t-il pris en compte les critiques de la communauté internationale à ce sujet ? Le 19 janvier 2016, les ONG Amnesty International et Afrewatch ont publié un rapport commun sur les conditions des travailleurs mineurs dans les mines artisanales de cobalt en RDC. Dans le document, les deux ONG soulignent l’incapacité des autorités congolaises à réglementer l’exploitation minière artisanale et à assurer le respect des droits de l’homme dans les mines.
En 2014, plus de 40 000 d’enfants travaillaient dans les mines au sud du pays, d’après les chiffres du Fonds des Nations unise pour l’enfance (l’Unicef). Âgés de 3 à 17 ans, ces enfants s’adonnent à des tâches telles que le lavage des minerais, le creusage dans les remblais, le ramassage, le triage et le transport des minerais.
L’éradication, un processus de longue durée
Un plan d’action national afin d’éliminer le travail des enfants en RDC avait déjà été élaboré en 2011, mais il n’a jamais été adopté de manière officielle par l’État.
Contacté par Jeune Afrique, le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, explique sans donner de chiffre précis que même si le plan d’action de 2011 n’a pas été officialisé, les actions du gouvernement depuis cette date ont permis de réduire sensiblement le travail des enfants dans le secteur minier. La nouvelle stratégie du gouvernement pour éradiquer le travail des enfants d’ici 2025 « permettra de finir le travail déjà entrepris il y a quelques années », avance-t-il.
Jean-Mobert N’Senga, chercheur spécialiste de la RDC pour Amnesty International, pense que l’annonce du gouvernement congolais est un « engagement symbolique », mais il tient à rappeler que le travail d’Amnesty n’est pas fini et que l’ONG continuera à dialoguer et dénoncer les violations dans le secteur minier en RDC.
Quelles actions concrètes pour lutter contre le travail des enfants ?
« Une campagne nationale va être lancée avec l’appui des médias publics et si possible des médias privés. Le gouvernement continuera son travail avec la communauté locale », a déclaré le porte-parole du gouvernement congolais.
Contrairement à ce dernier, le Directeur exécutif d’Afrewatch, Richard Ilunga Mukena, estime « qu’aucune action concrète n’a été menée sur terrain par le gouvernement tant au niveau national que des provinces. Et tous les efforts se situent encore au niveau de la planification et de la campagne de sensibilisation des acteurs comme les ONG, les services de l’État ou des enfants eux-mêmes ».
Il ajoute qu’une « simple campagne ne suffit pas car les problèmes sont déjà connus de tous les acteurs et tous sont conscients des moyens à mettre en œuvre pour éradiquer le travail des enfants dans les mines. La présence des enfants dans les sites miniers artisanaux est liée à l’état de pauvreté extrême dans lequel se trouvent les parents, qui dans beaucoup de cas furent agents de la Générale congolaise des minerais (GCM) ».
Un tiers des enfants exploités dans le monde se trouvent en Afrique subsaharienne
« Le travail des enfants regroupe l’ensemble des activités qui privent les enfants de leur enfance, de leur potentiel et de leur dignité, et nuisent à leur scolarité, développement physique et mental », d’après l’Organisation international du travail (OIT).
Selon l’Unicef, près de 158 millions d’enfants âgés de 5 à 14 ans travaillent dans le monde. Un tiers sont employés en Afrique subsaharienne, soit 69 millions. Parmi les enfants, ce sont les adolescents entre 15 et 17 ans qui effectuent les travaux les plus dangereux, indique un rapport de l’OIT publié en 2015.
La RDC n’est pas une exception. En Afrique, des milliers d’enfants travaillent contre leur gré. Une situation qui nuit fortement à leur santé et leur éducation.
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