Algérie : Fali, leader ahmadi condamné, libéré et toujours poursuivi, symbole d’un acharnement d’État ?

Figure de la minorité ahmadie algérienne, Mohamed Fali a été libéré mercredi 13 septembre après avoir été condamné à six mois de prison avec sursis. Ses ennuis avec la justice ne sont pas terminés pour autant. Ses avocats s’alarment.

Un fidèle prie dans une mosquée ahmadie, aux États-Unis (image d’illustration). © Jae C. Hong/AP/SIPA

Un fidèle prie dans une mosquée ahmadie, aux États-Unis (image d’illustration). © Jae C. Hong/AP/SIPA

CRETOIS Jules

Publié le 14 septembre 2017 Lecture : 2 minutes.

Mohamed Fali, leader de la communauté ahmadie algérienne a été condamné ce mercredi 13 septembre à six mois de prison avec sursis. Il a été reconnu coupable de « collecte de dons non autorisés et d’offense au prophète de l’islam ». Il avait fait appel de la peine de trois ans de prison ferme dont il avait écopé en février dernier. Père de quatre enfants, Mohammed Fali était retenu en prison depuis une quinzaine de jours à la prison de Mostaganem. Il a été libéré le même jour. Entre temps, il a perdu son emploi.

« Mais il est toujours poursuivi », précise son avocat, Me Salah Dabouz, président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme. Mohammed Fali est en effet poursuivi devant plusieurs tribunaux. Dès le 26 octobre, il comparaîtra de nouveau devant un juge « pour les mêmes faits, ce qui est à proprement parler hallucinant », se fâche son avocat, qui parle de harcèlement.

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Plus de 200 Ahmadis poursuivis

Aujourd’hui, selon Maître Dabouz et d’autres sources proches de la communauté ahmadie, ils sont environ 260 sur environ 2000 fidèles à être poursuivis par la justice algérienne. Asif Arif, avocat au barreau de Paris, auteur d’un ouvrage sur l’Ahmadiyya au Pakistan et responsable des affaires extérieures de l’Association des Ahmadis de France s’inquiète du « virage sécuritaire » emprunté par les autorités algériennes à l’égard de la communauté ahmadie.

L’avocat a demandé à rencontrer Mohamed Aïssa, ministre des Affaires religieuses et des Awqaf en Algérie. Ce dernier a tenu un discours très dur à l’égard des Ahmadis, assurant en février 2017 qu’ils n’étaient pas des musulmans, avant de tempérer ses propos en avril. Il avait alors assuré que l’Etat n’avait pas l’intention de combattre les Ahmadis.

Mouvement réformiste musulman né entre le Pakistan et l’Inde, il se présente comme pacifique et largement apolitique. Longtemps, le mouvement est resté quasi inexistant en Algérie. La communauté a quelque peu grossi à l’aune des années 2000. « Il y a une vraie méconnaissance, et jusque dans les autorités, de la réalité de l’Ahmadiyya. C’est pour cela que j’ai demandé à Monsieur Aïssa de me recevoir », assure Me Asif Arif.

Un problème administratif

Selon ce dernier, « le problème n’est pas tant religieux : il est lié aux libertés d’association ». Formellement, la Constitution algérienne garantie la liberté de culte, sous réserve d’agrément des autorités pour ce qui concerne le lieu de culte. L’islam est religion d’État en Algérie, « mais le discours politique est, petit à petit, passé d’un discours de tolérance à un discours de défense de la seule doctrine malékite sunnite », remarque Asif Arif.

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Il est cependant avéré que des membres de la communauté ahmadie ont reçu par le passé des fonds sans respecter les procédures habituelles. « La communauté ne demande qu’à se conformer à la loi. Mais nous attendons l’ordonnance sur l’immatriculation des associations. Des éclairages qui ne viennent pas. Le flou entraîne une situation néfaste pour tout à chacun. L’administration algérienne doit agir pour la débloquer », insiste Asif Arif.

« Les autorités ont privé les ahmadis du droit de se constituer en association, tirant parti des formulations vagues de la loi relative aux associations », relevait déjà l’ONG Human Rights Watch début septembre. Dabouz, de son côté, affirme que de nombreux Ahmadis ont perdu leur emploi, notamment dans la fonction publique.

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