Docteur Idriss et Mister Déby ?

Alors que Tchad vient d’obtenir 20 milliards de dollars de promesses d’investissements pour financer son plan de développement, l’ONG Amnesty International critique la situation des droits humains dans le pays. Un rapport dont les allégations sont rejetées par N’Djamena.

L’œil de Glez © Glez / J.A.

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Publié le 15 septembre 2017 Lecture : 2 minutes.

Dans un rapport publié le 13 septembre, Amnesty international dénonce « l’accentuation de la répression » au Tchad, particulièrement envers les acteurs de la société civile. Témoignages à l’appui, elle s’inquiète de ce que « les défenseurs des droits humains, les membres de mouvements citoyens, les syndicalistes et les journalistes qui critiquent le régime » soient « de plus en plus menacés ».

Évoquant notamment l’existence de « prisonniers d’opinion », Amnesty affirme même que le régime d’Idriss Déby Itno – qui dément catégoriquement toutes les accusations contenues dans le rapport -, n’aurait pas suffisamment rompu avec les pratiques de Hissène Habré (sic), son prédécesseur pourtant condamné pour « crimes contre l’humanité ». La répression se serait accentuée depuis 2016, sous la férule de l’Agence nationale de Sécurité (ANS). Pêle-mêle, l’ONG évoque des lois restrictives, des détentions abusives, des restrictions de la liberté d’expression et l’interdiction croissante de manifester…

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Deux poids deux mesures ?

Pourquoi les « partenaires » occidentaux du Tchad ne s’empressent-ils pas d’instrumentaliser la question des droits de l’homme comme ils le font dans d’autres pays du continent ? Y aurait-il deux poids deux mesures ? Sans doute faut-il y voir un effet de l’ambivalence du régime. Au sombre profil de « Mister répression » pointé du doigt par les ONG, Idriss Déby Itno oppose, en pleine lumière, la silhouette de « Docteur antiterrorisme », avec un statut non usurpé de partenaire militaire stratégique dans la lutte contre les jihadistes au Sahel. Au Mali, ce sont bien les Casques bleus tchadiens qui ont payé le plus lourd tribut…

L’armée du Tchad pourrait même être le fer de lance du G5 Sahel. Sur un autre front, face à Boko Haram, N’Djamena est toujours en première ligne

L’armée du Tchad pourrait même être le fer de lance du G5 Sahel. Sur un autre front, face à Boko Haram, N’Djamena est aussi en première ligne. Alors comment les diplomates internationaux pourraient-ils pinailler sur des entorses nationales aux droits de l’Homme ?…

En juillet dernier, ce sont des autorités européennes de premier plan qui présentaient le pays – et donc le régime – d’Idriss Déby Itno comme l’élément stabilisateur de la région. Le principe de comparaison salvatrice est bien connu : quand on se regarde, on se désole ; quand on se compare, on se console. Le Tchad peut ainsi se donner bonne mine en jouant le contraste avec ses voisins : un Soudan infréquentable, un Nigeria inquiétant, un Niger fragile, une Centrafrique chaotique et une Libye kafkaïenne…

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