Centrafrique : le discret retour du parti de François Bozizé au gouvernement
Le Kwa Na Kwa (KNK), parti de l’ancien président François Bozizé, compte dorénavant un ministre au gouvernement : Jean-Louis Opalegna, à la Fonction publique.
Parmi les noms des nouveaux entrants au deuxième gouvernement centrafricain emmené par le Premier ministre Simplice Sarandji, figure Jean-Louis Opalegna. Ce dernier, qui prend les manettes du ministère de la Fonction publique, n’est pas un pur anonyme. Il a siégé comme député de 2001 à 2013 sous les couleurs du Kwa Na Kwa (KNK), le parti de l’ancien président François Bozizé.
Gouvernement d’« ouverture »
« C’est un très proche de Bertin Béa, le secrétaire général du KNK », souligne une source de Jeune Afrique à Bangui. Il est aussi l’avocat du fils de l’ancien président, Francis Bozizé. Le père et le fils sont tous les deux sous le coup de sanctions onusiennes. L’ancien président est interdit d’entrer sur le territoire centrafricain.
Le président Faustin-Archange Touadéra a été élu en partie sur les voix du KNK
« Le président Faustin-Archange Touadéra a été élu en partie sur les voix du KNK. Il sait qu’il doit contenter cette tendance de la société », remarque un observateur politique. Ce nouveau gouvernement se veut en effet « d’ouverture » : des anti-balaka de différentes tendances, des ex-Séléka proches de Noureddine Adam et même le neveu de l’ex-président Michel Djotodia, Gontran Djoni Ahaba, ont été appelé à y participer.
« Nous avons été consulté par le Premier ministre Sarandji, au cours de quatre courtes rencontres, nous avons posé des conditions très larges et légitimes, et nous avons dis oui », explique Bertin Béa, du KNK. Au parti, qui compte aujourd’hui neuf députés, on se veut clair : « Nous avons toujours dit que, dans cette période de fragilité politique, nous étions là pour aider le pays à se relever et à aller de l’avant. »
Faustin-Archange Touadéra doit « maintenir le lien » avec le clan Bozizé
« Le clan Bozizé s’agite toujours. Touadéra doit s’assurer de maintenir le lien », remarque de son côté un observateur de la vie politique centrafricaine. Et en effet, dans cette optique, quel meilleur choix que celui de Jean-Louis Opalegna, avocat de Jean-Francis Bozizé et encore, parfois, « plume » ou « messager » de l’ancien président centrafricain ?
Bertin Béa assume la ligne du parti quant à la question du sort de l’ex chef d’État : « Nous croyons à la présomption d’innocence. Nous aimerions qu’elle soit respectée dans le cas de Bozizé. Au sujet des sanctions onusiennes contre l’ancien président, nous remarquons qu’il existe des sortes de dérogations, lorsque l’on considère, par exemple, que les lever peut participer à la construction de la paix et à la réconciliation. Nous pensons que c’est le cas de Bozizé. Enfin, nous tenons à dire qu’on ne doit jamais contraindre un citoyen à l’exil ».
Mais, jure-t-on encore au KNK, à aucun moment le sort de François Bozizé n’a été mis sur la table lors des négociations sur la formation du gouvernement « Sarandji 2 ».
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