Abus sexuels des Casques bleus en Centrafrique : une ONG évoque un « simulacre d’enquête »
La Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca) a déclaré vendredi 15 septembre qu’elle allait « examiner » les allégations d’une ONG l’accusant de « simulacre d’enquête » dans des affaires d’abus sexuels attribués à des Casques bleus.
La Minusca va se pencher sur « les allégations faites par la “Code Blue Campaign” concernant des cas non signalés d’exploitation et d’abus sexuels » en Centrafrique, a déclaré vendredi à l’AFP le porte-parole de la mission, Vladimir Monteiro. Cette coalition d’ONG, dont le siège est à New York, a consulté quatorze accusations d’abus sexuels datées de 2016 à l’encontre de Casques bleus issus de neuf pays : Pakistan, Zambie, Burundi, Maroc, Égypte, Cameroun, Gabon, Niger et Congo-Brazzaville – dont les autorités ont rapatrié les troupes suite à des accusations similaires.
D’après les révélations publiées mercredi par l’ONG, huit des présumées victimes n’ont pas été écoutées par les enquêteurs. D’autres ont été interrogées de manière partiale, estime l’ONG, pour décrédibiliser leurs allégations. Sur les quatorze plaintes consultées par l’ONG, aucune n’a débouché sur la condamnation d’un Casque bleu.
Des accusations de viol « pour obtenir une compensation »
Code Blue détaille ainsi le cas d’une jeune femme de 26 ans agressée à Obo, dans l’est de la Centrafrique, par un Casque bleu marocain lors d’une patrouille de reconnaissance. Le militaire lui aurait « touché les parties intimes et tenté de la déshabiller afin de la violer ». Treize jours plus tard, la victime – présentée comme une « fille » – a été interrogée par neuf hommes, dont des agents onusiens et des autorités locales. Après avoir conclu qu’elle cherchait à discréditer la Minusca « pour obtenir une compensation », les enquêteurs lui ont fait signer un document en ce sens. L’enquête a été stoppée et gardée en interne, selon la même source.
Face au flot continu d’allégations d’abus sexuels depuis 2014, la Minusca a déclaré vendredi « avoir pris des mesures strictes pour lutter contre ce problème » et « reconnaît que l’exploitation sexuelle et les cas d’abus sexuels ont sévèrement affecté la crédibilité et la réputation de la mission par le passé ». À son arrivée aux commandes des Nations unies en janvier, Antonio Guterres avait promis d’apporter une réponse ferme aux accusations d’abus sexuels.
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