Centrafrique : les affrontements de Batangafo ont fait plusieurs dizaines de morts, deux soldats français blessés

La démission mardi du Premier ministre centrafricain, André Nzapayeké, intervient alors que les affrontements entre l’armée française et des ex-Séléka à Batangafo (300 km au nord de Bangui) ont repris. Des combats qui auraient au moins 50 morts et pourraient fragiliser l’accord de cessez-le-feu signé à Brazzaville.

Des soldats français à de Boda, du sud de la Centrafrique, le 24 juillet 2014. © AFP

Des soldats français à de Boda, du sud de la Centrafrique, le 24 juillet 2014. © AFP

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Publié le 5 août 2014 Lecture : 3 minutes.

Mis à jour le 6 août à 15 heures

Après une journée de calme relatif, les affrontements entre l’armée française, appuyée par la Misca (la force africaine) et les ex-Séléka, ont repris mardi 5 août peu avant la tombée de la nuit à Batangafo (300 km au nord de Bangui). En fin de matinée, une réunion entre les différents protagonistes n’avait pas réussi à aplanir le différent.

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"Sangaris nous a demandé de nous retirer de la ville, ce que nous avons refusé. En conséquence, l’armée française nous a attaqué", affirme à Jeune Afrique le général Joseph Zundeko, chef d’état-major de l’ex-rébellion, qui concède que ses hommes ont dû se retirer en périphérie de la ville devant la violence des combats.

L’état-major des armées à Paris affrime de son côté que une patrouille a été prise à partie en début de soirée par des éléments de la Séléka "particulièrement hostiles". Les combats ont duré quelques minutes et ont nécessité un appui aérien. Deux soldats français ont été blessés. Ils ont été évacué vers Bangui, leurs jours ne sont pas en danger.

Selon plusieurs sources, le bilan des affrontements pourrait dépasser les 50 morts. Deux pick-up Séléka, remplis de combattants, ont été totalement détruits.

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Lundi, les armes ont commencé à crépiter en tout début de matinée. Les affrontements, particulièrement violents, ont duré toute la journée avant de prendre fin à la tombée de la nuit, vers 17 heures (heure locale).

Les versions des protagonistes divergent. À Paris, l’état-major des armées affirme qu’une colonne Sangaris en mission de reconnaissance a été violement prise à partie par des groupes lourdement armés à l’entrée de Batangafo, où se trouvent un contingent congolais de la Misca (la force africaine).  "Les groupes rassemblaient une centaine de combattants étaient coordonnés et ont tenté de contourner notre dispositif", précise l’état-major.

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Les Séléka sont armés de AK-47, se déplacent en moto ou en pick-up sur lesquels est monté de l’armement anti-char et des mitrailleuses de gros calibre (14.5). La réponse française est particulièrement violente. Plusieurs groupes d’infanterie accompagnés de deux hélicoptères et de deux avions de chasse Rafale venus de Ndjamena sont mobilisés.

Joint par Jeune Afrique, l’état-major des armées a toutefois refusé de communiqué le nombre exact de soldats français engagés. Un membre la Séléka a fait état de 37 véhicules.

L’ex-rébellion accuse Sangaris d »avoir ouvert le feu en premier. "Nous n’avons aucune raison de les attaquer", déclare le colonel Djouma Narkoyo, l’un de ses porte-paroles. Ce dernier affirme même que des anti-balaka et des Faca (Force armée centrafricaine) s’étaient glissés dans leur convoi. Sangaris dément.

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Le colonel Moussa, responsable Séléka de la zone, précise : "Les Français ont envoyé six véhicules sans nous prévenir. Nos hommes qui bloquent l’entrée de la ville sont allés à leur rencontre. Ils ont ouvert le feu. Les avions français ont ensuite bombardé nos positions de 8h30 à 16h45. Ils ont également visé des colonnes qui venaient en renfort de Kabo."

Ce responsable Séléka assure avoir été contacté une première par un colonel de l’armée française lundi entre vers 20 heures. Une rencontre entre les deux hommes a ensuite eu lieu mardi matin.

Il ne s’agit pas des premiers affrontements violents entre l’armée française et l’ancienne rébellion depuis le départ forcé de son chef, Michel Djotodia. Mais ils interviennent moins d’une semaine après la signature à Brazzaville d’un accord de cessation des hostilités entre les différents groupes armés. "Nous prenons l’opinion nationale et internationale à témoin sur ces agressions contraire à la lettre et l’esprit de l’accord de Brazzaville", a ainsi dénoncé le bureau politique de la Séléka dans un communiqué.

À Paris, l’état-major des armées précise que cette opération visant à mettre en place les mesures de confiance va se poursuivre. La cohabitation avec les ex-rebelles risque d’être difficile. "Là où vient Sangaris, les anti-balaka les suivent. Ils doivent partir", déclare le colonel Moussa.

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Par Vincent DUHEM

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