Sénégal : la défense de Karim Wade conteste à nouveau la compétence de la CREI

Au deuxième jour du procès de Karim Wade, sa défense a contesté la compétence de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) de juger son client. Un argumentaire déjà développé en phase d’instruction.

Karim Wade, le 8 mars 2008 à Dakar. © Georges Gobet/AFP

Karim Wade, le 8 mars 2008 à Dakar. © Georges Gobet/AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 5 août 2014 Lecture : 2 minutes.

La défense de Karim Wade n’a pas vraiment innové, lundi, au deuxième jour de son procès. Comme lors de la phase d’instruction, ses avocats ont vivement contesté la compétence de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), une juridiction spéciale devant laquelle il est jugé depuis le jeudi 31 juillet à Dakar.

Selon Me Ciré Clédor Ly, Karim Wade doit être "jugé par la Haute cour de Justice" puisqu’il a été membre du gouvernement et que les faits qui lui sont reprochés auraient été commis durant ses fonctions officielles. "Vous ne pouvez pas juger Karim Wade. Vous êtes radicalement incompétents", a lancé un autre de ses conseils, Me El Hadji Amadou Sall. "Les arguments pour nous attirer vers la Haute cour de justice ne peuvent pas prospérer", a répondu le procureur spécial de la CREI, Alioune Ndao.

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Viviane Wade dans l’assistance

En détention préventive depuis avril 2013, Karim Wade est accusé d’avoir illégalement acquis 178 millions d’euros par le biais de montages financiers complexes du temps où il était conseiller puis ministre de son père. Au premier jour du procès, il s’était lui-même présenté comme "prisonnier politique", ce qu’avaient réfuté les avocats de l’État. Quant au président Macky Sall, il a simplement déclaré dans une interview à Jeune Afrique, depuis Washington où il assiste au premier sommet États-Unis-Afrique : "Nous sommes en démocratie. Ce n’est ni à moi ni à qui que ce soit de porter un jugement sur ce procès. Il faut laisser à la justice le soin de juger."

Dans l’assistance se trouvaient sa mère, Viviane Wade, et de nombreux responsables du Parti démocratique sénégalais (PDS), sa formation et celle de son père qui a dirigé le Sénégal de 2000 à 2012. Abdoulaye Wade, lui, était absent. La cour avait commencé par examiner le cas d’un partisan de Karim Wade, Moïse Rampino, 26 ans, accusé de "trouble à l’audience" pour avoir bruyamment protesté et traité les magistrats de "corrompus" à l’ouverture du procès.

Échaufourrées devant le palais

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À la barre, lundi, celui-ci a répété que les magistrats étaient "corrompus" et a qualifié le président Macky Sall de "voleur". Suivant les réquisitions du parquet et malgré la demande par la défense d’une expertise médicale pour voir" s’il était "sain d’esprit", il a été condamné à deux ans de prison ferme et sera prochainement jugé pour outrage à magistrat.

Auparavant, à l’extérieur du Palais de justice sous forte surveillance de policiers et gendarmes, une cinquantaine de personnes qui tentaient d’accéder aux lieux avaient commencé à s’échauffer, scandant : "Libérez Karim, libérez Karim !" Les forces de l’ordre les ont rapidement dispersées au moyen de gaz lacrymogènes.

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(Avec AFP)

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