Climat : le monde avance sur l’accord de Paris, les Américains soufflent le chaud et le froid
Les ministres de l’Environnement d’une trentaine de pays ont avancé résolument samedi à Montréal vers la mise en oeuvre de l’accord de Paris sur le climat quand les Américains ont soudainement fait volte-face après avoir semblé assouplir leur position.
« Nous sommes heureux du succès de notre réunion » et de la réaffirmation que « l’accord de Paris est irréversible et non négociable », a déclaré la ministre canadienne du Changement climatique Catherine McKenna lors de la conférence de presse finale.
Un rappel direct aux États-Unis de leur signature –certes par la précédente administration– d’un accord entériné fin 2015 à Paris par près de 200 pays dans le monde et dont le président Donald Trump avait en juin annoncé son retrait.
Afin de respecter un calendrier ébranlé par la décision de Donald Trump, l’Union européenne, la Chine et le Canada ont pris les rênes et affiché leur volonté d’aller de l’avant.
Les Américains, qui avaient envoyé à Montréal un délégué, ont d’abord rassuré les négociateurs climat avant de faire volte-face quelques heures plus tard depuis Washington.
Miguel Arias Cañete, commissaire européen à l’Action pour le climat, a rapporté les propos du représentant américain, Everett Eissenstat, qui avait assuré que les États-Unis « ne renégocieraient pas l’accord de Paris mais qu’ils allaient passer en revue les termes sur lesquels ils sont engagés par cet accord ».
« Personne ne remet en cause l’accord de Paris et même les États-Unis ont réaffirmé que cet accord était irréversible et qu’en conséquence, ils ne vont pas le renégocier », a également confirmé Nicolas Hulot, le ministre français de la Transition écologique.
Mais depuis Washington samedi soir, la présidence américaine faisait volte-face : « Il n’y a eu aucun changement dans la position des États-Unis à l’égard de l’accord de Paris », a répliqué la porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Huckabee Sanders.
‘Les États-Unis se retirent’
« Comme le président (Trump) l’a clairement dit à plusieurs reprises, les États-Unis se retirent, à moins que nous puissions le réintégrer avec des termes plus favorables à notre pays », a-t-elle ajouté.
Un flou qui n’inquiète pas car, selon Nicolas Hulot, les États américains comme la Californie, les grandes villes mais aussi « les grands et petits acteurs économiques vont par leur dynamisme compenser le frein » qui peut être mis par « l’attitude de l’administration du président américain ».
Avec ou sans les Américains, le temps presse et la mise en place des dispositions de l’accord de Paris de réduction des émissions doit être amplifiée tout en gardant l’objectif de limiter, dans l’idéal, la hausse de la température moyenne de la planète à +1,5 degré Celsius en 2050 par rapport à son niveau de l’ère pré-industrielle.
« Nous pouvons faire plus pour augmenter nos ambitions », a assuré Catherine McKenna.
« L’accord doit être dynamique et on ne doit pas s’en tenir là, les phénomènes (météorologiques) vont plus vite que nos propres engagements », a averti Nicolas Hulot.
« Quelle que soit la puissance des États, personne n’est à l’abri des changements climatiques », a-t-il ajouté en référence aux États-Unis touchés par les inondations à Houston ou les ravages de l’ouragan Irma en Floride.
L’objet de la conférence était aussi, selon Miguel Arias Cañete, de travailler à élaborer « un recueil de règles pour nous permettre de suivre, de vérifier et de comparer » le niveau des émissions par pays.
Le calendrier, a souligné Miguel Arias Cañete, est d’avoir ce « recueil de règles (…) avant la COP24 de Katowice (Pologne) fin 2018 ».
D’ici là, les négociateurs vont se retrouver en novembre à Bonn (Allemagne), un rendez-vous qui va être « une bonne opportunité pour réaffirmer la vision collective affichée à Paris (en 2015) car il est important de raviver la vision et la passion que nous avions alors manifestées », a indiqué Nazhat Shameem Khan, négociatrice pour le climat pour Fidji et qui présidera cette COP23.
La conférence ministérielle s’est déroulée 30 ans jour pour jour après la signature du Protocole de Montréal pour la protection de la couche d’ozone. Ce premier accord significatif pour l’environnement a permis « d’éliminer plus de 99% des substances qui appauvrissent la couche d’ozone », a estimé Mme McKenna en rappelant que d’ici le milieu du siècle cette couche devrait être reconstituée.
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