« Nambia » : Donald Trump, créateur de pays africains
Ce 20 septembre, à New York, le président américain a cité un pays africain imaginaire. Mépris ou ignorance ?
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 21 septembre 2017 Lecture : 2 minutes.
En 2008, en dévoilant qu’elle considérait le continent africain comme un seul pays, l’égérie du Tea party américain Sarah Palin avait fusionné 54 nations. Donald Trump, lui, pourrait n’en avoir agrégé que deux, ce mercredi, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU. À deux reprises, alors qu’il s’adresse à un parterre de dirigeants africains, le président américain félicite la « Nambia » pour la qualité de son système de santé.
Aucun atlas ne répertoriant cette contrée inconnue, la boulette présidentielle apparaît d’abord comme la contraction involontaire de « Namibia » et « Zambia ». Conscient que les chefs d’État du continent noir se vexent d’une telle méconnaissance de leur géographie, le service de presse de la Maison Blanche publie un communiqué officiel expliquant que le président américain ne faisait référence qu’à la Namibie. Sa langue aurait simplement fourché. Mais la bourde circule déjà dans les conversations africanistes…
Afrophobie, dites-vous ?
Chat échaudé craignant l’eau froide, les ressortissants de la Namibie, du Kenya ou du Sénégal se souviennent de meetings de campagne où le candidat républicain évoquait certains Africains « paresseux, tout juste bons à manger, faire l’amour et voler ». C’est peut-être Trump qui fut paresseux en étudiant mal sa géographie à l’école. Pour autant, les aficionados de Donald Trump affirment, deux preuves à l’appui, que l’écorchement du nom « Namibia » ne cache aucune afrophobie.
Première preuve : dans ce même discours du 20 septembre, le président des États-Unis félicitait ce continent où se rendent beaucoup de ses « amis » qui vont dans les pays d’Afrique « pour essayer de devenir riches ». Cette expression présumée affectueuse est malheureusement perçue par beaucoup comme le reflux colonialiste d’un Occidental nanti enthousiasmé par les perspectives d’exploitation de pays en voie de développement.
Trump et les mots
La seconde preuve que l’invention du nom « Nambia » n’est pas un signe de mépris serait la tendance avérée du président américain à créer des mots. Le 30 mai dernier, Donald Trump twittait en plein milieu de la nuit, se désolant de la « covfefe » de la presse américaine. Peut-être les touches de son téléphone avaient-elles fourché comme sa langue, trois mois plus tard, écorchant malencontreusement l’expression « press coverage » (couverture médiatique).
Twittos invétéré, Trump se doute que les corrections de bourdes viennent toujours trop tard. La « Nambia » a déjà fait florès sur la toile. L’internaute BikerBecca propose un périple touristique en Nambia, voyage qui nécessite moins un visa que l’absorption de psilocybine, fameuse substance hallucinogène.
BenjaminJS ironise : même en n’existant pas, la Nambia a déjà « de meilleurs soins de santé que ceux que nous sommes sur le point d’obtenir des républicains ». Encore plus subtil, BroderickGreer se présente comme un « résident de Nambia » heureux de dévoiler la boisson non-officielle de son pays : « le covfefe ».
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