Il faut investir en Afrique et pour nos jeunes !

Les 29 et 30 novembre prochain, à Abidjan, l’Afrique et l’Europe ont rendez-vous avec l’histoire.

Le 5e Sommet de l’Union africaine et de l’Union européenne se tiendra à Abidjan, les 29 et 30 novembre. © Capture d’écran / UE / DR

Le 5e Sommet de l’Union africaine et de l’Union européenne se tiendra à Abidjan, les 29 et 30 novembre. © Capture d’écran / UE / DR

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  • Gianni Pittella

    Gianni Pittella est président du Groupe des socialistes et démocrates européens (S&D) au Parlement de l’Union européenne.

Publié le 22 septembre 2017 Lecture : 3 minutes.

Dans le cadre du 5e Sommet de l’Union africaine et de l’Union européenne, qui se tiendra pour la première fois en Afrique, les chefs d’État et de gouvernement européens et africains devront répondre à des défis majeurs. D’un côté, un Vieux continent fragilisé par la crise économique, les attentats terroristes et une gestion calamiteuse des flux migratoires. De l’autre, un Jeune continent dopé par une croissance économique sans précédent, mais sur lequel plane encore de nombreuses menaces telles que l’extrême pauvreté, le terrorisme, le manque d’emplois ou le changement climatique.

Ces fléaux poussent des jeunes Africains à s’engager dans la mouvance terroriste ou à emprunter le chemin de l’exil, parfois au péril de leur vie. Le défi est d’autant plus grand que ces jeunes devraient dépasser 430 millions en 2050. Le choix de mettre la jeunesse au cœur du prochain Sommet UA-UE est donc judicieux. Car 2050 c’est déjà demain !

Ce sont des ponts et non des murs qu’il faut construire

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Dans son discours sur l’Etat de l’Union, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, en présentant le 13 septembre au Parlement européen les actions politiques qu’il compte mener d’ici la fin de son mandat en 2019, a rappelé l’importance du Fonds fiduciaire de l’UE sur l’Afrique adopté à La Valette en 2015 pour la stabilité du continent africain et lutter contre les causes profondes des migrations irrégulières. À juste titre, il a fustigé les États membres européens, coupables de n’avoir apporté que 150 millions d’euros en deux ans, alors qu’ils étaient appelés à financer ce fonds à hauteur de 1,8 milliard d’euros d’ici 2020.

Les États membres se sont par ailleurs révélés incapables de se répartir équitablement 160 000 migrants débarqués en Italie et en Grèce en 2015, pendant que de nombreux pays africains font face chaque année à des flux de réfugiés beaucoup plus importants. Surtout, l’Europe ne peut construire un dialogue avec l’Afrique qu’à travers le seul prisme de la « crise » migratoire.

Et quand bien-même l’UE ne peut accueillir tous les migrants, il faut renforcer les « canaux légaux » pour les migrations. Cela signifie, entre autre, augmenter les programmes Erasmus entre universités et centres de recherche situés de part et d’autre de la Méditerranée, et favoriser les échanges entre start-up africaines et européennes. Ce sont des ponts et non des murs qu’il faut construire. Enfin, l’Europe doit répondre à une forte exigence de son partenaire africain : de l’aide oui, mais aussi et surtout des investissements !

L’adoption du Fonds d’investissements extérieurs de l’UE pour l’Afrique, étrangement omis par Juncker dans son discours, va dans le bon sens. Il faut désormais la mettre en œuvre pour favoriser le développement d’infrastructures sociales et économiques durables et les PME, notamment les start-up, aussi bien européennes qu’africaines, et ainsi générer de l’emploi, notamment chez les jeunes. Pas question de soutenir des multinationales championnes de l’évasion fiscale ou prédatrices des ressources naturelles et minières !

Arrêtez l’hypocrisie, on sera riche ensemble ou on va se noyer tous ensemble, a dit Fatou Diome

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Les nombreuses missions effectuées par le Groupe des socialistes et démocrates européens sur le continent africain et les batailles politiques menées au cœur des institutions de l’UE sur des dossiers tels que les minerais de conflits m’ont convaincu qu’une approche multidimensionnelle axée sur le développement, la démocratie, la sécurité, les investissements et la diplomatie culturelle, celle-là même proposée par la Haute Représentante de l’UE pour les Affaires étrangères, Federica Mogherini, peut répondre aux aspirations des jeunes africains, mais aussi européens.

La deuxième édition de la Semaine africaine que notre Groupe organise à Bruxelles du 25 au 28 septembre sera l’occasion pour placer la jeunesse au centre de nos débats et lancer des messages clairs aux leaders de l’UA et de l’UE. Il est temps de donner un nouveau souffle aux relations entre nos deux continents. Comme l’a si bien dit Fatou Diome, que nous accueillerons à notre événement : « Arrêtez l’hypocrisie, on sera riche ensemble ou on va se noyer tous ensemble ».

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