Algérie : sans la planche à billets, l’État ne pourra pas payer les salaires, prévient Ahmed Ouyahia

Le recours au financement non conventionnel est la seule issue possible pour sauver l’État de la faillite, a tonné le Premier ministre algérien, lundi matin, devant les sénateurs.

Ahmed Ouyahia lors d’un discours à Alger le 11 juin 2017. © Sidali Djarboub/AP/SIPA

Ahmed Ouyahia lors d’un discours à Alger le 11 juin 2017. © Sidali Djarboub/AP/SIPA

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 26 septembre 2017 Lecture : 2 minutes.

« Sans intervention de la Banque centrale d’ici le mois de novembre, l’État ne pourra plus payer les salaires ». Devant les sénateurs algériens, lundi, le Premier ministre Ahmed Ouyahia a dressé un tableau quasi-apocalyptique de l’économie algérienne. « Le couteau a atteint l’os », a-t-il poursuivi. « Il faut être franc en disant que d’ici novembre, sans financement non conventionnel, toute l’économie algérienne s’arrêtera brutalement ».

Après avoir obtenu le quitus de l’assemblée, Ahmed Ouyahia a entamé, lundi 25 septembre, la présentation de son plan d’action devant le Conseil de la nation (Chambre haute). Cette fois-ci, il a choisi les termes les plus alarmistes pour justifier le recours à une mesure extrême comme la planche à billets.

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Confrontée depuis trois ans à la chute de ses revenus pétroliers, le pays se trouve obligé de recourir à cette arme à double tranchant, vu son risque inflationniste, pour éviter la crise cardiaque. C’est la plus grave crise traversée par le pays au cours de la présidence d’Abdelaziz Bouteflika, débutée en 1999.

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Les officiels algériens considèrent la planche à billets comme étant la seule solution permettant d’éviter la faillite de l’État. Ils refusent de recourir à l’endettement extérieur par peur de mettre le pays à la merci du FMI. Traumatisée par l’expérience des années 1990, qui avait abouti à un plan d’ajustement structurel en 1994 – mis en application par Ahmed Ouyahia, alors Premier ministre du président Liamine Zeroual –,  l’Algérie ne veut plus plier les genoux devant l’institution de Bretton Woods. Pendant ses années fastes, appuyée sur de confortables revenus pétroliers, elle avait choisi de payer par anticipation sa dette extérieure au FMI. Elle s’est même offert le luxe de prêter 5 milliards de dollars au Fonds, devenant ainsi un de ses créanciers.

La question de l’endettement toujours présente

Mais depuis fin 2014, à cause de la chute des cours de pétrole, les réserves de change ont commencé à se réduire comme peau de chagrin. Après avoir atteint un pic de 194 milliards de dollars à la fin mai 2014, elles ont entamé une baisse vertigineuse jusqu’à atteindre 106 milliards fin mai 2017. Depuis février dernier, le Fonds de régulation des recettes (FRR), qui sert à gérer les excédents budgétaires liés aux exportations d’hydrocarbures, est à sec.

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Même en recourant à la planche à billets, plusieurs économistes estiment que le pays ne sera pas à l’abri de l’inflation. Vu les difficultés rencontrées par les entreprises publiques et les secteurs névralgiques comme la santé et l’enseignement, il n’aura d’autre choix choix, selon eux, que de s’endetter à l’extérieur.

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