Gastronomie sud-africaine : Kobus Botha, captain Barbecue !
Ogre sympathique et farceur, le Sud-Africain Kobus Botha fait découvrir aux Français la gastronomie populaire de son pays. Sa spécialité ? Le braai.
Un bon quintal d’énergie, une barbe en bazar poivre et sel, un regard pétillant de blagueur : Kobus Botha est le grand maître du braai en France. Le braai ? C’est la version sud-africaine du barbecue. Paris Plages, le bal de Radio Nova à Pantin, la Techno Parade, Disney… L’homme, ses recettes et son barbecue de 12 mètres de long sont demandés partout.
Installé à Montreuil (Seine-Saint-Denis), où il a reconstruit un petit morceau d’Afrique du Sud, l’ogre sympathique se raconte avec le calme de ceux qui ont déjà vécu deux ou trois vies. Bien entendu, comme tout petit Sud-Africain mâle qui se respecte, Kobus Botha n’a pas attendu bien tard pour touiller les braises. « J’ai commencé à faire le feu à 5 ans, sous la supervision de mon père, dit-il dans un français enrichi par l’accent sud-africain. À 12 ou 13 ans, je le faisais tout seul. »
Né à Kimberley en 1963, Kobus Botha est le fils d’un professeur-apiculteur et d’une mère employée dans les services administratifs d’une école blanche. Son enfance se passe à Oudtshoorn, capitale mondiale de l’autruche et haut lieu de la culture afrikaans, dans la province du Cap-Ouest. Une certaine rudesse y est de mise : pas d’eau courante, pas d’électricité, des toilettes en extérieur et un enseignement scolaire très strict. « J’étais très bon à l’école, mais j’y étais battu aussi, se souvient-il. Sous l’apartheid, au nom de Dieu et de la nation, c’est ainsi qu’étaient formés les jeunes… » Le petit Kobus est un farceur. Ce n’est guère apprécié : il changera fréquemment d’école, jusqu’à l’adolescence.
« J’ai fini par arriver au Cap, dans le très conservateur lycée Jan-Van-Riebeeck, où paradoxalement j’ai été pour la première fois exposé aux idées de gauche, raconte-t-il. Avant, je ne savais même pas qu’il existait quelqu’un comme Nelson Mandela. Dans les villages en particulier, le gouvernement parvenait à contrôler toute l’information. » À la maison, ses parents n’étaient pas politisés, mais ne pensaient pas qu’être blancs les rendait supérieurs aux autres… « C’est au Cap que j’ai perdu ma religion, poursuit celui qui encore aujourd’hui fustige les manipulations commises au nom de Dieu. Quand on voyage un peu, on se rend compte de ce qui n’est pas normal, pas correct. »
La base de données du cinéma IMDb le crédite de 17 films et séries entre 1994 et 2005, pour la télévision.
Appelé sous les drapeaux pour participer à « la seule guerre chaude de la guerre froide » sur la frontière namibienne, Kobus Botha invoque des problèmes de dos. Résultat : deux ans d’armée « à ne rien faire à côté des plus grands connards du monde ».
Sa première vie professionnelle ? Rêvant de cinéma, il suit des cours de théâtre et de littérature à la Michaelis School of Fine Art, mais c’est un ami participant à un tournage qui lui permet d’intégrer une équipe et de gravir les échelons. « Je suis vite devenu assistant réalisateur, mais comme j’ai toujours voulu être le patron, j’ai abandonné l’artistique pour me tourner vers la production. »
La base de données du cinéma IMDb le crédite de 17 films et séries entre 1994 et 2005, pour la télévision. C’est dans ce domaine qu’il rencontre une Française, réalisatrice de documentaires. Après de nombreuses tribulations à travers le monde, le couple fini par se poser en France. « À 40 ans, j’ai eu un enfant et ce n’était pas conciliable avec le travail. Nous avons tous les deux décidé d’arrêter. Je ne le regrette pas. »
Quelques années plus tard, le besoin de « faire quelque chose » s’impose. Sur les tournages de sa femme, aujourd’hui son ex, Botha s’est essayé avec joie à la cuisine pour les équipes. Pourquoi ne pas monter un « spectacle de barbecue » ? Et c’est parti, Captain Barbecue se lance en France, en super-héros gourmet et francophile – même s’il goûte mieux la France des écrivains et des grandes idées révolutionnaires que celle des petits bureaucrates… L’envie d’une « clientèle » limitée d’habitués finit par le ramener à Montreuil, où il s’installe au plus près de son fils.
My South Africa ouvre en 2012 rue Robespierre, offre une soixantaine de couverts et se taille une belle réputation autour de son brunch dominical. Quatre employés, des plats entre 12 et 23 euros (bobotie, biltong, chicken peri-peri, boerwors, vetkoek…), un chiffre d’affaires « suffisant pour continuer », un livre de recettes, des prestations qui se sont développées avec l’année de l’Afrique du Sud en France : si Kobus Botha n’a guère de temps pour voyager, il garde tout de même sa maison de Somerset West, « entre les vignes et la mer ». Pour Stéphane Fonga, employé du restaurant et par ailleurs mannequin : « Son seul défaut, c’est d’être trop généreux. » Mais la générosité, c’est sans doute le secret d’un braai réussi.
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