Football : les joueurs africains mentent-ils sur leur âge réel ?

Plusieurs affaires viennent raviver le vieux débat sur l’âge réel des joueurs africains. Or un simple examen des os par IRM permettrait de lever les doutes.

Joseph Minala fêtera officiellement ses 18 ans le 24 août, mais il semble bien plus mûr. © Paolo Bruno / AFP

Joseph Minala fêtera officiellement ses 18 ans le 24 août, mais il semble bien plus mûr. © Paolo Bruno / AFP

Alexis Billebault

Publié le 7 août 2014 Lecture : 3 minutes.

En février, un site sénégalais affirmait que l’attaquant de la Lazio, le Camerounais Joseph Marie Minala, n’avait pas 17 ans mais plus du double (41 ans). Gênant, pour celui qui venait de remporter la Coupe d’Italie avec l’équipe des jeunes du club romain.

Après trois mois d’infirmations et d’allégations, l’affaire a été déclarée officiellement close, fin mai par la Fédération italienne de football (FIGC), qui s’est rangée à l’avis du procureur fédéral après examen de différents rapports : le Camerounais, désormais titulaire de l’équipe première, a bel et bien 17 ans (il en aura 18 le 24 août). Mais les nombreuses photos parues du joueur laissent dubitatif. Minala fait quand même beaucoup plus que son âge…

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Ce dossier s’ajoute aux nombreux cas de footballeurs (Roger Milla, Rigobert Song, Nwankwo Kanu, Edel Apoula, Pius N’diefi, Taribo West, Ofafemi Martins, etc.) dont l’âge a été remis en cause ces deux dernières décennies. Des histoires qui font parfois (sou)rire. Comme récemment celle d’un autre international camerounais, Samuel Eto’o qui, par médias interposés, n’a cessé de tacler son entraîneur à Chelsea, le Portugais José Mourinho, après que celui-ci eut émis des doutes sur son âge devant les caméras de Canal+ en février.

"Un véritable fléau pour l’Afrique", selon Omari

Mais ces affaires d’état civil incertain n’amusent pas Constant Omari, le président de la Fédération congolaise de football (Fecofa), à Kinshasa. "Pour l’Afrique, c’est un véritable fléau", s’exaspère-t-il. Un ex-international, qui préfère garder l’anonymat, confirme le manque de fiabilité de certains papiers officiels : "Une femme qui accouche dans un village reculé ne déclare pas la naissance tout de suite. Et puis, c’est facile de donner quelques billets à un fonctionnaire pour qu’il rajeunisse un joueur de trois ou quatre ans, ce qui est la moyenne de la triche. S’il veut partir en Europe, il a plus de chances d’y parvenir quand son passeport dit qu’il a 17 ans plutôt que 21… Les clubs européens ne sont d’ailleurs pas dupes."

L’entraîneur franco-italien Diego Garzitto, en poste au CS Constantine (Algérie), se souvient avoir eu des doutes quand il était le sélectionneur de l’Éthiopie. "Pour la Coupe du monde des moins de 20 ans, en 2001, j’avais des joueurs qui évoluaient en première division depuis des années. Et en RD Congo, au TP Mazembe, mon fils, qui entraînait les jeunes, classait les gamins par catégorie – minimes, cadets, juniors – en fonction de leur taille, car beaucoup n’avaient pas de papiers d’identité. Et quand les joueurs vont en sélection nationale, ce sont les fédérations qui s’occupent des passeports. Elles peuvent faire ce qu’elles veulent…" Ces dernières années, plusieurs sélections de jeunes ont été suspectées de triche.

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La Gambie, accusée d’avoir falsifié les identités de cinq de ses internationaux de moins de 20 ans pour un match au Liberia vient d’être suspendue de toute compétition officielle pour les deux prochaines années par la Confédération africaine de football (CAF).

Le test du poignet : le test le plus fiable

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S’il est difficile d’éradiquer le problème, Constant Omari estime qu’il est possible de le réduire, notamment grâce au "test du poignet", le moyen le plus fiable pour connaître au plus près l’âge des joueurs. "Pour pratiquer ce test, il faut réaliser une IRM. Or en Afrique, il n’y a pas beaucoup d’hôpitaux équipés et cela coûte cher, explique-t-il. Mais la CAF envisage de faire subir cet examen aux joueurs des catégories moins de 15 ans et moins de 17 ans."

Lors de la Coupe d’Afrique des nations cadets au Maroc, en avril 2013, la CAF avait décidé d’organiser sur site le fameux test. Résultat, trois Ivoiriens, trois Congolais (de Brazzaville) et trois Nigérians ont été exclus du tournoi.

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