Tchad : après le décret migratoire américain, la France « surprise », l’Union africaine « perplexe »

« Surprise », « perplexité », « injustice »… le Tchad reste sonné par le nouveau décret migratoire du président américain Donald Trump, qui l’a placé sur la liste des pays dont les ressortissants sont indésirables aux États-Unis. Certains officiels américains s’inquiètent également de cette mesure visant un allié objectif dans lutte contre les jihadistes.

Donald Trump, lors de sa visite à Jérusalem, le 23 mai 2017. © Gali Tibbon/AP/SIPA

Donald Trump, lors de sa visite à Jérusalem, le 23 mai 2017. © Gali Tibbon/AP/SIPA

Publié le 27 septembre 2017 Lecture : 2 minutes.

Visé pour manque de coopération avec Washington, N’Djamena, pourtant allié de Washington, se retrouve désormais logé à la même enseigne que des adversaires déclarés des États-Unis tels que la Corée du Nord, l’Iran, le Venezuela, ou que des pays considérés comme une menace pour les intérêts et la sécurité des Américains.

Sidéré par la décision américaine, le Tchad a bénéficié mercredi du soutien de l’Union africaine (UA). L’institution panafricaine a exprimé sa « perplexité » face à cette mesure « injuste » frappant N’Djamena, « surtout au vu de son rôle important dans la lutte contre le terrorisme dans le bassin du lac Tchad, dans le nord du Mali et dans le Sahel ».

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« Un partenaire décisif dans la lutte contre le terrorisme »

La France a également fait part mercredi 27 septembre de sa « surprise » face au décret américain et a espéré qu’une solution serait rapidement trouvée entre les deux pays « alliés et partenaires » pour « lever cette interdiction ».

« Le Tchad est un partenaire décisif dans la lutte contre le terrorisme (…) La France espère à cet égard que les États-Unis et le Tchad, qui sont deux pays alliés et partenaires, trouveront rapidement une solution permettant de lever cette interdiction », a déclaré la porte-parole du Quai d’Orsay, Agnès Romatet-Espagne.

Un lien avec l’amende infligée à ExxonMobil ?

La décision fait des remous jusqu’aux États-Unis. Des officiels du Pentagone, du département d’État, ainsi que des diplomates en poste au Tchad s’y sont opposés, au nom des « intérêts américains », selon le New York Times.

Cette mesure « n’a aucun sens », a estimé sur Twitter Herman Jay Cohen, ancien secrétaire d’État adjoint aux affaires africaines, qui qualifie le Tchad d’ « allié » dans la lutte contre le groupe jihadiste nigérian Boko Haram. « Cette décision n’entame en rien les relations d’excellence entre nos deux pays », a voulu tempérer mardi, face à la presse, l’ambassadrice américaine à N’Djamena, Geeta Pasi.

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Des observateurs s’interrogent également sur l’influence du secrétaire d’État américain, Rex Tillerson, ex-PDG de la société pétrolière ExxonMobil. Le 6 octobre 2016, la justice tchadienne avait condamné un consortium, initialement composé d’Esso (filiale d’Exxon), Petronas (Malaisie) et Chevron (États-Unis), à une amende astronomique de 67,32 milliards d’euros. Conclu à la mi-juin, un accord – dont la teneur n’a pas été communiquée – avait finalement permis d’arrêter toute poursuite.

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