RDC : le Conseil des droits de l’homme tance les autorités de Kinshasa
À l’occasion de la remise de son rapport annuel sur la République démocratique du Congo, le Conseil des droits de l’homme a vertement critiqué mardi l’apathie de Kinshasa dans la lutte contre l’impunité des crimes commis par les forces de sécurité congolaises. L’instance onusienne en a également profité pour dénoncer le non-respect des clauses de l’Accord du 31 décembre 2016.
Un pays en proie à un indicible chaos, avec une myriade de milices et de groupes armés, où près de 3,8 millions de personnes ont dû fuir leurs foyers. La haut-commissaire adjointe aux droits de l’homme, Kate Gilmore, n’y est pas allée de main morte pour dénoncer la situation actuelle en République démocratique du Congo. Une présentation assortie d’une critique au vitriol du manque « d’enquêtes crédibles, impartiales et indépendantes sur les sérieuses violations des droits de l’homme commises par les forces de sécurité et de défense congolaises ».
Entre autres griefs, Kate Gilmore a regretté le peu de diligence des autorités pour enquêter sur les 87 fosses communes découvertes dans le Kasaï, malgré les informations transmises à Kinshasa par la force onusienne en RDC (Monusco). Le conflit en cours dans cette région est « l’une des pires crises des droits humains dans le monde », a-t-elle dénoncé lors de son discours. Un drame quotidien, dont le prix humain ne cesse de s’alourdir : environ 5 000 morts et 1,6 million de réfugiés et de déplacés en l’espace d’un an. « Il n’y a pas de solution militaire à cette crise (…). Rien ne peut justifier la tragédie humaine, qui se déroule sous nos yeux », a renchéri pour sa part Maman Sidikou, chef de la Monusco.
La situation actuelle, « antithèse » de l’esprit de l’Accord de la Saint Sylvestre
Concernant la situation politique en RDC, l’instance onusienne est revenue sur les avancées de l’Accord de la Saint-Sylvestre, signé le 31 décembre 2016, qui représentaient alors « un réel espoir pour que le processus électoral suive son cours et apporte la stabilité politique désirée ». Las, l’actuelle situation du pays représente « l’antithèse » de l’esprit de l’Accord, juge Kate Gilmore. Ce dont témoignerait « le retard dans l’annonce d’une date des élections » et le triplement du nombre de prisonniers politiques au cours des douze derniers mois – dont la libération figurait pourtant parmi les mesures de décrispation prévues par le texte. Autant d’éléments qui démontrent selon le Conseil des droits de l’homme « l’absence de volonté de mener le processus démocratique de façon pacifique ».
« Un tableau tellement sombre »
Présente à la réunion, la ministre congolaise des Droits humains, Marie-Ange Mushobekwa, a fustigé « un tableau sur les droits de l’homme tellement sombre que l’on donne l’impression qu’il n’y a plus d’espace pour respirer en République démocratique du Congo ». « Et pourtant, on y respire, on y exerce des activités économiques, des enfants vont à l’école, les ONG exercent leurs activités, et même près de 600 partis politiques et une soixantaine de chaînes de télévision fonctionnent en toute liberté », a-t-elle énuméré.
À propos du processus électorale, la ministre a spécifié que « 42 millions d’électeurs sur 45 millions attendus » ont été enrôlés, tandis que les opérations d’enrôlement ont débuté dans les deux Kasaï pour une durée de trois mois. Elle en a également profité pour rappeler l’engagement exprimé par le président Joseph Kabila à la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies que « les élections auront bel et bien lieu ».
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