Compétitivité : la Tunisie fait du surplace

Freiné par sa bureaucratie et une corruption endémique, le pays ne décolle pas dans le classement de compétitivité de Davos. Ces piètres performances ne sont pas sans inquiéter les observateurs économiques, qui regrettent le manque de réactivité des pouvoirs publics.

La banlieue nord de Tunis. © Citizen59 via VisualHunt.com /  CC BY-SA

La banlieue nord de Tunis. © Citizen59 via VisualHunt.com / CC BY-SA

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Publié le 27 septembre 2017 Lecture : 2 minutes.

La Tunisie se maintient au 95e rang (sur 137) dans le classement 2017-1018 de la compétitivité réalisé par le Forum économique mondial (FEM), avec le même score de 3,93 sur 7 qu’en 2016. 32e et premier pays africain en 2010, la Tunisie est désormais le troisième pays maghrébin et le 9e du continent, derrière Maurice (45e), le Rwanda (58e), l’Afrique du sud (61e), le Botswana (63e), le Maroc (71e), l’Algérie (86e), la Namibie (90e) et le Kenya (91e).

« Ce niveau médiocre laisse un goût amer, car chaque année, les commentaires sont les mêmes, notamment sur l’absence d’une politique d’investissement », se désole Walid Bel Hadj Amor, vice-président d’Instauring an Advocacy Champion for Economy (IACE), un think-tank entrepreneurial partenaire du Forum économique mondial.

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Sans surprise, l’inefficacité de la bureaucratie (18,1%) et la corruption (11,6%) sont les deux principaux freins à la compétitivité, selon cette étude menée auprès des décideurs tunisiens. « Le pouvoir politique alimente le cercle vicieux en laissant proliférer la corruption et le marché parallèle et en renforçant la pression fiscale sur le marché formel », dénonce le dirigeant de l’IACE dans une critique du projet de loi de financement qui prévoit d’augmenter la TVA de 12% à 19%.

Des progrès dans l’enseignement supérieur et la formation

La Tunisie a cependant progressé sur sept des douze piliers de l’indice, dont un bond de onze places pour l’enseignement supérieur et la formation. Le pays a, en revanche, reculé sur quatre autres catégories dont la flexibilité du marché de l’emploi (-2 places), une catégorie dans laquelle il ne devance que le Yémen et la Mauritanie. « C’est un résultat inquiétant pour l’attractivité notamment du sud du pays », commente Majdi Hassen, directeur exécutif de l’IACE. L’environnement macro-économique passe, lui, de la 99e à la 109e place. La dégradation du dinar, qui plombe les critères de déficit budgétaire (-10 places) et de la dette publique (-7 places), n’y est pas étrangère.

Majdi Hassen met également en garde contre l’absence d’investissement dans les infrastructures de transport ferroviaire, aérien et portuaire, ainsi que contre le vieillissement des équipements technologiques, notamment des réseaux de connexion internet, qui se développent très vite dans les autres pays. « Cela pourrait nous coûter des places dans le prochain classement », assure-t-il.

L’IACE estime en revanche que la Tunisie pourrait facilement rattraper son retard dans les domaines de la sécurité, de la lutte contre la criminalité et du terrorisme grâce à une amélioration notable des politiques en la matière. La Tunisie est passée du 28e au 128e rang concernant le coût du terrorisme depuis la révolution.

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