Sénégal : dans l’affaire Karim Wade, Bibo Bourgi plaide malade

La détérioration de l’état de santé de l’homme d’affaires, soupçonné de complicité dans l’affaire Karim Wade, hypothèque la tenue du procès, le 31 juillet. Il pourrait être transféré dans un hôpital français.

Karim Wade et Bibo Bourgi sont amis de longue date. © Glez/J.A.

Karim Wade et Bibo Bourgi sont amis de longue date. © Glez/J.A.

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Publié le 29 juillet 2014 Lecture : 2 minutes.

"Notre client est en danger de mort et si demain il lui arrive malheur, c’est la Crei qui sera entièrement responsable." Pour Me Boubacar Cissé, l’un des avocats d’Ibrahim Aboukhalil (surnommé Bibo Bourgi), soupçonné d’être le principal homme de paille de Karim Wade, le risque que la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) fait courir à son client "s’apparente à un meurtre judiciairement programmé".

Depuis plus d’un an, les avocats de cet homme d’affaires inculpé de complicité ont déposé plusieurs recours visant à permettre à Bibo Bourgi, qui souffre d’une lourde pathologie cardiaque, de se faire opérer dans un hôpital parisien malgré l’interdiction qui lui est faite de quitter le Sénégal. Mais le parquet comme les juges de la Crei s’y sont systématiquement opposés.

Dès sa première nuit en détention, en avril 2013, l’intéressé était transféré au pavillon spécial de l’hôpital Le Dantec.

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Dès sa première nuit en détention, en avril 2013, l’intéressé avait pourtant dû être transféré au pavillon spécial de l’hôpital Le Dantec pour raisons médicales. Deux mois plus tard, après une expertise et une contre-expertise médicales convergentes, il avait été remis en liberté sous contrôle judiciaire. L’un des experts évoquait notamment un risque de "récidive d’infarctus du myocarde et [de] mort subite". En octobre 2013, l’homme d’affaires sénégalo-libanais – qui possède aussi la nationalité française – était venu plaider sa cause auprès de l’ambassade de France à Dakar.

Situation de santé alarmante

En février 2014, le consul général adressait à ses interlocuteurs sénégalais une note verbale attirant leur attention sur la situation alarmante de Bibo Bourgi. Sans obtenir de réaction. Au cours des semaines suivantes, l’état de santé de ce dernier a encore empiré, nécessitant une hospitalisation d’urgence.

Selon nos informations, c’est alors que la gravité de la situation est revenue aux oreilles du président, Macky Sall, qui a aussitôt chargé son ministre de la Justice, Sidiki Kaba, de prendre les dispositions nécessaires pour permettre que l’opération se déroule en France. En dépit d’une intervention écrite de ce dernier auprès de la Crei, les magistrats sont demeurés inflexibles. Le 28 juin, c’est donc à Dakar que Bibo Bourgi a été hospitalisé.

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>> Lire aussi : Bibo Bourgi, un fidèle en eau trouble

Mais les choses ont mal tourné. Une complication rénale a obligé le chirurgien à poser une sonde et à reporter l’opération principale. Pris de douleurs "indescriptibles" suite à cette intervention, Bibo Bourgi a en outre contracté une infection nosocomiale. Le 21 juillet, dix jours avant l’ouverture du procès de Karim Wade, ses avocats ont déposé une nouvelle requête. Cette fois, le parquet a pris des réquisitions favorables à un transfèrement en France, tout en s’abstenant d’assister à l’audience, qui s’est tenue une semaine plus tard. Le 28 juillet dans la soirée, les magistrats de la CREI décidaient de nommer deux experts (un cardiologue et un urologue) afin de déterminer "dans les meilleurs délais" si l’état de santé de Bibo Bourgi présentait un risque pour sa vie et si les soins qu’il doit recevoir pouvaient lui être prodigués au Sénégal.

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