Gabon : les caisses de l’État sous surveillance rapprochée
Un audit a révèlé l’ampleur de la disparition des fonds publics au Gabon au cours des dix dernières années. Pour reprendre la main, le gouvernement doit agir vite.
Le 17 juillet, Jean-Fidèle Otandault, le directeur général du contrôle des ressources et des charges publiques, a dévoilé un résumé succinct du rapport d’audit sur les régies financières réalisé par ses services. Le gendarme des finances publiques gabonaises a révélé que l’équivalent de "plus de la moitié du budget de l’État [3 000 milliards de F CFA, soit 4,57 milliards d’euros, en 2014] disparaissait dans la nature".
Évidemment, cela ne s’est pas fait en une seule année. Les auditeurs sont remontés plus de dix ans en arrière, notamment pour examiner l’hallucinante gabegie des "fêtes tournantes" célébrant l’indépendance dans une ville différente chaque année, qui aurait fait perdre 400 milliards de F CFA à l’État. Ils ont mis au jour des surfacturations, des marchés fictifs, des pratiques abusives dans la passation des marchés publics, des créances douteuses de l’État détenues par des entreprises…
Cet audit sur les finances du pays est loin d’être le premier.
Cet audit sur les finances du pays est loin d’être le premier. Le 23 avril, Christian Magnagna, le ministre du Budget, avait déjà annoncé qu’une mission diligentée entre février et mars avait permis à l’État d’économiser 654 milliards de F CFA. Dont 600 milliards frauduleusement payés à ses fournisseurs entre 2006 et 2012. Tandis que, pour la seule année 2013, les auditeurs avaient découvert des facturations fictives à hauteur de 54 milliards de F CFA.
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Si les fêtes dispendieuses mentionnées ont fait l’objet de deux audits au moins avant 2009, elles ont aussi été la cible de décisions de la Cour des comptes. Mais jamais la justice n’a été saisie pour établir les responsabilités et vérifier les allégations d’enrichissement personnel véhiculées par la presse.
300 milliards de F CFA de dettes douteuses
Par ailleurs, ces graves dysfonctionnements montrent l’urgence de mener des réformes structurelles. "L’audit parle de 300 milliards de F CFA de dettes douteuses. Pourtant, ces dettes avaient été validées et leur paiement échelonné lors des deux derniers "Clubs de Libreville", en 2010 et 2012", relève un inspecteur des finances qui regrette que les créances fictives soient alors parvenues à échapper à tous les organes habilités à en vérifier la régularité.
Sollicité, Jean-Fidèle Otandault n’a pas répondu à nos questions. Visiblement, dans sa volonté de sécuriser l’argent public, le gouvernement essaie aussi de rassurer les entreprises inquiètes du non-paiement de leurs créances depuis plusieurs mois.
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