Deux poids, deux mesures
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Marwane Ben Yahmed
Directeur de publication de Jeune Afrique.
Publié le 28 juillet 2014 Lecture : 2 minutes.
Le conflit entre le Hamas et Israël a atteint un degré de violence inimaginable il y a seulement quelques semaines de cela. Un seul mot suffit à le définir : horreur. Or il n’est pas appréhendé à sa juste valeur. Soyons clairs, et tâchons d’éviter directement les habituels procès en antisémitisme. Jeune Afrique n’a jamais caressé les islamistes dans le sens du poil. Ce n’est pas aujourd’hui, alors que nous les voyons à l’oeuvre, que cela va changer. Les Gazaouis méritent mieux que le Hamas, comme d’ailleurs les Palestiniens de Cisjordanie méritent mieux que l’actuelle classe politique qui les représente. Il paraît, hélas, que la relève n’est pas pour nous rassurer…
Cela étant posé, impossible de renvoyer dos à dos les belligérants, comme on l’entend trop souvent. Israël a "le droit à l’autodéfense" ? Certes, mais il est en train de commettre un massacre. Il n’y a pas d’autre mot pour qualifier l’opération militaire qui se déroule à Gaza. Par centaines, femmes, enfants et vieillards sont assassinés, des hôpitaux et des écoles bombardés, des gamins (plus de 200 à ce jour) fauchés en plein jeu. Le nombre de blessés ou de déplacés, tous civils, est effarant. Chaque jour qui passe, télés et radios déroulent froidement le bilan morbide de cette sale guerre, comme on égrène mécaniquement son chapelet. Partout ailleurs, on appelle cela, au minimum, "crime de guerre". Partout ailleurs, on s’insurgerait avec plus de véhémence, on ferait preuve de plus de commisération.
Barbarie en totale impunité
Mais les vies palestiniennes semblent valoir moins que les autres et Israël être au-dessus de tout, y compris du droit international. Pis : cette barbarie se déroule dans la plus totale impunité. Seuls quelques timides appels à la modération ou à la "retenue", dixit Angela Merkel, émanent des gouvernements occidentaux. On croit rêver ! Le Prix Nobel de la Paix (si, si…) Barack Obama ne pipe mot. La grande majorité des intellectuels juifs, si prompts à envahir les plateaux télé et les colonnes des journaux pour dénoncer les crimes commis à Sarajevo, Benghazi ou Alep, n’ont même pas la décence de reconnaître l’hallucinante disproportion entre la menace représentée par les roquettes du Hamas et la réponse de Tsahal. Car on est bien loin de la loi du talion…
Que faire ? Un cessez-le-feu est évidemment indispensable, mais guère suffisant. Il faut, surtout, comprendre les fondements mêmes de ce conflit, qui n’a rien de politique. Il s’agit d’un fossé abyssal entre deux peuples persuadés, de manière viscérale et a priori irréconciliable, qu’ils ont droit au même petit bout de terre sans avoir à le partager. C’est parce que cet état de fait a toujours été négligé ou contourné que la plupart des tentatives de résolution du conflit ont échoué. C’est absurde, mais c’est ainsi. Enfin, pour négocier quoi que ce soit, il faut bien avoir un interlocuteur. Or l’Union européenne comme les États-Unis, notamment, refusent obstinément de discuter avec le Hamas. Comment fait-on alors ? Une chose est sûre : Israël ne vivra jamais en paix tant que les Palestiniens ne vivront pas libres chez eux.
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