Madagascar : les magistrats entament leur troisième grève de l’année
Les magistrats de la Grande Île ont décrété mercredi 27 septembre une grève illimitée pour protester contre les atteintes à l’indépendance de la justice. Ils ont été rejoints par les greffiers.
Après les grèves menées en juin et juillet, les magistrats malgaches ont engagé un nouveau bras de fer avec l’exécutif de l’île. « Nous voulons nous faire entendre de la ministre de la Justice Élise Rasolo », déclare à Jeune Afrique Fanirisoa Ernaivo, présidente du Syndicat des magistrats de Madagascar (SMM).
Une mission difficile, si l’on en juge par l’irruption plus tôt dans la journée d’un huissier accompagné de gendarmes au tribunal de première instance d’Antananarivo. « Ils nous ont dit avoir un ordre verbal du ministère pour forcer le piquet de grève », explique Fanirisoa Ernaivo, qui dénonce « une tentative d’intimidation ». Avec d’autres syndicats, le SMM avait pourtant été reçu dans la matinée par la ministre de la Justice. « Elle nous a demandé de reprendre le travail en affirmant être d’accord avec nos revendications, mais aucun calendrier n’a été annoncé », regrette la présidente du SMM.
Les incursions du pouvoir exécutif
Depuis plusieurs mois, les magistrats réclament des garanties pour l’indépendance de leur fonction, qu’ils estiment menacée par les incursions du pouvoir exécutif. Les juges de l’île avaient été ulcérés par le soutien public apporté par l’ancien ministre de la Justice à Claudine Razaimamonjy, une femme d’affaires proche du chef de l’État malgache, qui avait été arrêtée le 3 avril dernier dans une affaire de détournement d’argent public.
« Il y a une confusion du ministère de la Justice et du pouvoir judiciaire à Madagascar, affirme Fanirisoa Ernaivo. Les juges qui refusent de répondre à des ordres illégaux sont le plus souvent affectés de manière discrétionnaire pour les punir. »
Autres griefs des juges : une réforme du statut de la magistrature, ainsi qu’une revalorisation du budget de la justice pour un meilleur fonctionnement des tribunaux. « Il nous arrive parfois de travailler sans électricité, tandis que les greffiers ne disposent pas toujours d’ordinateurs », dénonce Fanirisoa Ernaivo.
Du côté du ministère de la Justice, le secrétaire général Louis Parfait Razafinjatovo a déclaré au site L’Express de Madagascar que « certaines revendications peuvent être facilement satisfaites, d’autres demandent une plus longue procédure ».
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