Sommet États-Unis-Afrique : la guerre africaine de Washington contre le terrorisme
Au coeur de la stratégie militaire américaine sur le continent, la lutte contre le terrorisme. Elle passe par la formation des troupes, l’appui aux alliés, mais aussi par quelques interventions plus musclées.
En même temps que le président Barack Obama promettait 5 milliards de dollars (3,7 milliards d’euros) pour la mise en place de partenariats dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, le général James Linder, chef du Commandement des opérations spéciales pour l’Afrique (Socafrica), déclarait : "Les problèmes de l’Afrique vont atterrir sur le pas de notre porte si nous n’y faisons pas attention."
En l’occurrence, les États-Unis y prennent garde et jouent un rôle croissant sur le continent. Mais, retenant les leçons de l’Irak et de l’Afghanistan, ils ont choisi d’y combattre les groupes terroristes d’abord par d’autres moyens que par l’envoi massif de troupes américaines sur place.
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Le premier d’entre eux consiste à participer à la formation des forces de sécurité de plusieurs pays africains. Notamment en plein coeur de la région sahélo-saharienne, au Niger, qui partage des frontières avec, entre autres, l’Algérie, la Libye, le Mali, le Nigeria et le Tchad. Depuis 2005, le Pentagone y mène un exercice annuel de formation : Flintlock.
Cette année, près de Tahoua et d’Agadez (respectivement à 550 km et à 950 km au nord-est de Niamey), 500 instructeurs occidentaux, parmi lesquels 300 Bérets verts américains, ont conseillé et entraîné 600 soldats nigériens, nigérians et tchadiens à la conduite de patrouilles, à la fouille de véhicules, etc.
L’appui aux pays alliés impliqués militairement
L’une des principales cibles : le groupe terroriste nigérian Boko Haram. Au Niger, dont la ville frontalière de Diffa, dans l’extrême sud-est du pays, sert de base arrière au mouvement, les États-Unis ont financé la construction d’une clinique dans l’espoir d’encourager la population locale à partager ses renseignements avec les troupes alliées. Et, au Nigeria voisin, les Américains s’apprêtent à former un bataillon de 850 membres des forces spéciales.
Autre groupe armé dans la ligne de mire du Pentagone, sévissant, celui-là, en Afrique centrale : l’Armée de résistance du Seigneur (LRA). Pour lutter contre ses éléments et traquer leur chef, Joseph Kony, en Centrafrique, où ce dernier serait réfugié, les États-Unis se sont joints aux forces ougandaises. Ils entraînent par ailleurs l’armée du jeune Soudan du Sud.
Le deuxième grand axe de la stratégie militaire américaine sur le continent porte sur l’appui aux pays alliés impliqués militairement. En République centrafricaine, les avions américains ont transporté 1 700 soldats de la paix du Burundi et du Rwanda. Au Mali, les États-Unis ont contribué au transport des troupes françaises, fourni des milliers de moustiquaires et, grâce à leurs drones, ont apporté des renseignements – et ils continuent de le faire.
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Une politique de soutien qui n’empêche pas des interventions plus musclées chaque fois que les intérêts vitaux des États-Unis sont menacés. En décembre 2013, les forces américaines ont ainsi évacué le personnel de leur ambassade au Soudan du Sud après que de graves heurts eurent éclaté.
Elles mènent également des raids ciblés dans certains pays pour neutraliser des éléments terroristes, avec des fortunes diverses. En Libye, les commandos d’élite américains, appuyés par des éléments du FBI, sont parvenus à capturer un haut responsable présumé d’Al-Qaïda, Abou Anas al-Libi (en octobre 2013), et le leader d’Ansar al-Charia, Ahmed Abou Khattala (en juin dernier). Tous deux sont incarcérés aux États-Unis. En revanche, en Somalie, l’un des chefs des Shebab qu’ils traquaient leur a échappé.
Les moyens aloués restent limités
Entre isolationnisme et interventionnisme, la stratégie militaire américaine en Afrique a ses limites. Elle dépend d’abord de la volonté de pays alliés d’assumer le leadership militaire, comme la France au Mali. Et il n’est pas sûr que ces alliés aient toujours l’envie ou les moyens de faire la "sale besogne". Ensuite, les moyens alloués restent limités. Les 33 millions de dollars dépensés par les États-Unis en 2012 et 2013 pour renforcer les capacités du Niger contre les groupes terroristes peuvent paraître dérisoires.
Enfin, si le Centre de commandement des États-Unis en Afrique (Africom, créé en 2007) a été renforcé depuis 2011, il n’a pu empêcher ni les attaques meurtrières du site gazier de Tiguentourine, en Algérie, en janvier 2013, ni celle du centre commercial Westgate de Nairobi, au Kenya, en septembre. Quant à Joseph Kony, il court toujours.
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