Donald Trump vs Kim Jong-un : « T’as vu comment i m’a app’lé ? »

Il y a deux semaines, les Martiens, les habitants de Vénus (on les nomme comment, ces zigotos ?) et les autres extraterrestres, ou du moins leurs services secrets, avaient leurs antennes pointées sur New York comme chaque année en septembre.

À Séoul, Kim Jung-Un et Donald Trump font la Une de l’actualité le 20 septembre 2017. © Ahn Young-joon/AP/SIPA

À Séoul, Kim Jung-Un et Donald Trump font la Une de l’actualité le 20 septembre 2017. © Ahn Young-joon/AP/SIPA

Fouad Laroui © DR

Publié le 6 octobre 2017 Lecture : 3 minutes.

Qu’allaient dire les dirigeants de la planète bleue pendant l’Assemblée générale de l’ONU ? Allaient-ils mettre à exécution le plan fou d’un obscur scientifique qui avait proposé d’envoyer dans l’espace les déchets nucléaires ? (Peu de gens sur Terre ont entendu parler de ce farfelu mais, pour des raisons évidentes, les extraterrestres s’inquiètent de la diffusion de ses lubies – après tout, c’est sur leur verte tronche que s’abattraient les barils radioactifs si lesdites lubies devenaient réalité…)

Mais rien de tout cela. Les services secrets martiens et vénusiens (on les nomme comme ça ?) et les autres assistèrent, médusés, à une guerre des mots digne d’une cour de récréation.

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D’abord, Donald Balourd Trump traita le président Coréen de « Rocketman », dans une double référence a) à une chanson d’Elton John b) à la tradition des héros de bandes dessinées : Batman, Spider-Man, Rocketman, etc.

Autrefois, les chefs d’État se référaient aux grands philosophes, aux bâtisseurs, aux visionnaires. Ils citaient Socrate, Léonard de Vinci, Thomas More. Aujourd’hui l’homme le plus puissant du monde invoque un rocker aux choix vestimentaires contestables (sans même parler de ses lunettes) et une collection de petits mickeys mal coloriés. On en est là.

Rocketman VS Dotard

Les Coréens blêmirent sous l’outrage – et qui n’a pas vu un Coréen blêmir n’a rien vu –, déjà qu’ils sont blêmes sans le faire exprès, les pauvres, alors imaginez. Et c’est alors qu’ils déclenchèrent leur plan le plus vicieux, le plan L, l’arme lexicographique à côté de quoi l’arme biologique n’est que du pipi de chat. Ils publièrent un communiqué révélant que Balourd Trump n’était qu’un « mentally deranged dotard », en anglais dans le texte.

Stupéfaction dans tout le monde anglo-saxon. Dotard ? Hein ? C’est quoi, ce truc ? On se rua sur les dictionnaires, on assiégea des correcteurs de journaux qui s’avouèrent vaincus, on réquisitionna des professeurs d’université qui se grattèrent derrière l’oreille en disant : « Hum… »

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On finit par dégoter un dico hyperpointu qui donna le sens de dotard — quelque chose comme « radoteur sénile » en français, kharraf en arabe, viejo chocho en espagnol – on peut continuer longtemps comme ça. (Viejo chocho, c’est génial, je le replacerai un jour.).

Les Américains étaient consternés. Non pas parce que quelqu’un avait traité leur président de dotard mais parce qu’un Coréen leur avait appris un mot d’anglais !

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Comme le résumait l’un d’eux : « Comment ai-je pu passer tant d’années sur Terre sans entendre ce mot ? Et je l’apprends au moment où je suis assez vieux pour être moi-même appelé dotard ! »

Un autre reprocha vertement aux journalistes américains d’avoir laissé à Kim Jong-un l’honneur d’être le premier à traiter Balourd de dotard alors que, nom d’un chien, l’épithète lui va comme un gant !

Je ne sais pas quelle forme prendra la troisième guerre mondiale mais ce que je sais, c’est que celle d’après se fera à coups de pierres

D’autres, plus pragmatiques, se demandèrent si on pouvait utiliser le mot au Scrabble (combien de points ?). Enfin, la grande question du moment, de Seattle à Miami, de New York à Reno, est de savoir si Trump sera capable de répliquer par une insulte qui causera autant de dégâts que dotard. Les paris sont ouverts.

Einstein disait : « Je ne sais pas quelle forme prendra la troisième guerre mondiale mais ce que je sais, c’est que celle d’après se fera à coups de pierres. » Le bon savant se trompait : après l’apocalypse nucléaire, c’est peut-être à coups de dictionnaires que les survivants se battront…

Jamais on n’avait autant rigolé dans les services secrets des extraterrestres qu’au cours de la dernière Assemblée générale de l’ONU. Mais pour nous Terriens, c’est beaucoup moins drôle…

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