Éthiopie : les Oromos manifestent, un an après le drame d’Irreecha

Le festival religieux éthiopien Irreecha s’est mué ce 1er octobre en manifestation anti-gouvernementale pacifique, placée sous le signe de la commémoration. Un an plus tôt, 50 personnes étaient mortes lors de ce festival dans un mouvement de foule provoqué par l’usage de gaz lacrymogènes par la police.

Des soldats éthiopiens tentent d’arrêter des manifestants à Bishoftu, le 2 octobre 2016. © AP/Sipa

Des soldats éthiopiens tentent d’arrêter des manifestants à Bishoftu, le 2 octobre 2016. © AP/Sipa

Publié le 1 octobre 2017 Lecture : 2 minutes.

Comme chaque année, des dizaines de milliers de membres de l’ethnie oromo, la plus importante du pays, se sont rassemblés à Bishoftu, à environ 50 kilomètres au sud-est de la capitale Addis-Abeba, pour célébrer la fin de la saison des pluies. Mais l’évènement a pris, comme un an plus tôt, une dimension très politique.

Chose rare dans un pays habitué à une répression implacable des manifestations anti-gouvernementales, les forces de l’ordre ne sont pas intervenues lorsque les participants ont entonné des slogans tels que « A bas le Woyane », un surnom péjoratif du gouvernement.

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Restés à bonne distance du site festival, des policiers armés n’ont pas non plus sourcillé alors que se succédaient sur une scène de nombreux jeunes croisant les bras au-dessus de la tête, signe devenu le symbole des manifestations anti-gouvernementales menées en 2015 et 2016 dans les régions Oromo et Amhara, qui s’estiment marginalisées par l’exécutif éthiopien.

Lors de l’Irreecha 2016, la police avait tiré des gaz lacrymogènes pour disperser la foule après la reprise par une partie des participants de slogans alors utilisés depuis de nombreux mois dans les manifestations anti-gouvernementales.

Dans le mouvement de foule qui avait suivi, de nombreuses personnes étaient tombées les unes sur les autres dans un fossé, un drame qui avait fait 55 morts selon les autorités, bien plus selon les opposants. Dimanche, plusieurs participants arboraient des t-shirts marqués d’une bougie, en souvenir de ces victimes.

Rivalité ethnique

Afin d’éviter une nouvelle catastrophe, aucun policier en uniforme n’a été déployé cette année sur le site du festival, au bord d’un lac, et le fossé dans lequel avaient péri des dizaines de personnes en 2016 a été entouré d’une clôture.

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Les policiers armés ont regardé sans broncher les participants qui quittaient l’évènement en chantant dans les rues de Bishoftu, avant de monter dans les bus qui devaient les ramener chez eux.

Les régions Oromo et Amhara avaient été le théâtre en 2015 et 2016 de manifestations anti-gouvernementales, les plus importantes depuis 25 ans, dont la répression a fait plus de 940 morts, selon la Commission éthiopienne des droits de l’Homme, liée au gouvernement, et mené à quelque 22 000 arrestations.

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Ces protestations, qui ont débuté en raison d’un projet finalement abandonné d’appropriation de terres oromos pour étendre Addis-Abeba, exprimaient avant tout une frustration face à ce que les protestataires perçoivent comme une surreprésentation de la minorité des Tigréens au sein de la coalition régnant sans partage depuis 1991.

Ces violences ont largement cessé avec l’instauration de l’état d’urgence quelques jours après l’édition 2016 du festival, mais de nombreux Oromos estiment que leurs doléances n’ont pas été entendues, et des manifestations et grèves sporadiques ont encore lieu. L’état d’urgence a finalement été levé en août.

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