Passeportgate en RDC : She Okitundu doit s’expliquer à l’Assemblée nationale

Léonard She Okitundu, vice-Premier ministre congolais en charge des Affaires étrangères, est attendu ce lundi à l’Assemblée nationale pour expliquer la motivation de la décision de son gouvernement d’invalider les passeports semi-biométriques en RD Congo. Une mesure qui a déjà contraint l’Union européenne à réagir.

Léonard She Okitundu, vice-Premier ministre congolais en charge des Affaires étrangères. © Vincent Fournier/JA

Léonard She Okitundu, vice-Premier ministre congolais en charge des Affaires étrangères. © Vincent Fournier/JA

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Publié le 2 octobre 2017 Lecture : 3 minutes.

C’est en son nom que le communiqué officiel controversé avait été signé. Deux semaines après la publication de cette mesure décriée qui invalide les passeports semi-biométriques en RD Congo, Léonard She Okitundu, chef de la diplomatie congolaise, est appelé à répondre ce 2 octobre à la question orale avec débat introduite par le député Juvénal Munubo Mubi, cadre de l’Union pour la nation congolaise (UNC) de Vital Kamerhe.

Initialement prévue le 27 septembre, cette plénière avait finalement été reportée sur demande du vice-ministre des Affaires étrangères, Agée Matembo Toto, prétextant alors l’absence à Kinshasa de Léonard She Okitundu. Ce dernier est de retour au pays.

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« Sa défense restera sur la ligne tracée par le gouvernement », lâche une source diplomatique congolaise. Vendredi en effet, son collègue José Makila, vice-Premier ministre en charge des Transports et Voies de communication « a confirmé l’exigence éditée par l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) pour tous les voyageurs de disposer obligatoirement d’un passeport biométrique », peut-on lire dans le compte-rendu du conseil des ministres, sans d’amples précisions.

Mise au point et décision de l’UE

Quelques jours plus tôt, dans une autre « mise au point », le gouvernement a soutenu que « certaines puissances étrangères ont déjà annoncé qu’au mois de novembre 2017, les détenteurs des passeports semi-biométriques ne pourront plus accéder sur leurs territoires ». Là encore, sans citer un seul pays qui aurait pris cette décision. C’est d’ailleurs « suite à des insinuations infondées » et pour lever tout équivoque que la délégation de l’Union européenne à Kinshasa a publié vendredi une déclaration « en accord avec les chefs de mission des pays membres de l’UE en RDC ».

Il n’y a jamais eu de remise en cause de la validité d’un passeport congolais

« Les passeports semi-biométriques congolais ont toujours été acceptés en espace Schengen, tout comme les passeports biométriques depuis la fin 2015, rappelle le communiqué de l’UE. Il n’y a jamais eu de remise en cause, pour quelques raison que ce soit, de la validité d’un passeport congolais, sauf naturellement, quand il était établi qu’il était frauduleux ou contrefait. »

« Dans l’espace Schengen même circulent légalement des passeports électroniques (appelés semi-biométriques en RDC) et biométriques », poursuit le texte. Traduction : « Pour nous, les véritables raisons de la décision du gouvernement congolais sont à chercher ailleurs », commente un diplomate occidental basé à Kinshasa.

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Mais en attendant, cette mesure, bien que controversée, « conduit à suspendre, jusqu’à nouvel ordre, l’émission des vignettes visa sur les passeports semi-biométriques congolais », annonce l’UE qui justifie sa sentence par la « durée de validité du passeport : un visa ne peut être que émis sur un passeport disposant au moins de trois mois de validité ». D’autant que les passeports semi-biométriques congolais n’auront plus cours légal en RD Congo dès le 16 octobre, comme l’a décidé Kinshasa.

Vers un retrait de la décision de Kinshasa ?

Pour Juvénal Munubo, auteur de la question orale, la bataille n’est pourtant pas perdue. Loin de là. « La décision de l’UE est liée à celle du gouvernement congolais. Il suffit d’obtenir le retrait de la mesure invalidant les passeports semi-biométriques et les choses rentreront à la normale », estime le député, « bien déterminé » à « aller jusqu’au bout de [sa] démarche ».

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« Comme l’UE l’a démontré, les raisons avancées par le gouvernement ne tiennent pas debout. Même au niveau de l’OACI, nous n’avons pas relevé aucune interdiction formelle, encore moins de prohibition récente, qui frapperaient les passeports semi-biométrique », explique l’élu de Walikale, dans le Nord-Kivu.

Dans l’entourage de She Okitundu, « on réfléchit » encore sur la ligne de défense. Surtout sur des « options » à lever lors du débat à l’Assemblée nationale. D’après nos informations, le vice-Premier ministre ne serait pas opposé à l’idée d’apporter quelques « aménagements » à la mesure. Pas sûr que cela suffise à calmer les esprits.

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