Hollande en Afrique, général cinq étoiles

Censé développer les liens commerciaux entre l’Hexagone et le continent lors de sa minitournée africaine du 17 au 19 juillet (Côte d’Ivoire, Niger, Tchad), le président français François Hollande a surtout agi en chef des armées. Et a officiellement lancé l’opération Barkhane.

François Hollande à Abidjan, le 17 juillet. © Alain Jocard/Pool/AFP

François Hollande à Abidjan, le 17 juillet. © Alain Jocard/Pool/AFP

Publié le 23 juillet 2014 Lecture : 3 minutes.

François Hollande devant des drones à Niamey. François Hollande devant un patrouilleur sur la lagune Ébrié, à Abidjan. François Hollande devant des avions de chasse à N’Djamena… Initialement, le rendez-vous du président français avec le continent en juillet devait s’effectuer sous le signe du business et de la coopération. Longtemps, seule la Côte d’Ivoire fut au programme.

Mais le chef de l’État a vite été rattrapé par la réalité qu’il a engendrée en envoyant ses troupes au Mali et en Centrafrique. En se rendant à Niamey le 18 juillet, puis à N’Djamena le 19, Hollande a endossé son costume de chef des armées. Il l’a reconnu à Abidjan : "Nous n’en avons pas terminé avec la lutte contre le terrorisme. C’est le sens de mon voyage ici, au Niger et au Tchad."

En Côte d’Ivoire, Hollande a surtout soigné sa relation avec Alassane Ouattara, l’ami de son meilleur ennemi, Nicolas Sarkozy.

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Comme un symbole, il est arrivé à Abidjan avec Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères qui a fait de la diplomatie économique son cheval de bataille, mais il en est reparti avec Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, devenu "le ministre de l’Afrique". Le premier a dû se rendre au Proche-Orient le 18 juillet. Le second a rejoint le président après avoir signé un accord de coopération militaire avec le Mali.

"Il a été question de coopération, de justice, de réconciliation nationale"

En Côte d’Ivoire, Hollande a surtout soigné sa relation avec Alassane Ouattara, l’ami de son meilleur ennemi, Nicolas Sarkozy. "Cela ne nuit pas à leurs rapports, assure leur entourage. Au contraire, ils sont sur la même longueur d’ondes sur bien des points." Au cours de leur tête-à-tête, il a été question de coopération, de justice, de réconciliation nationale, mais aussi du Mali, du Nigeria et du nouveau dispositif militaire français dans le Sahel, baptisé Barkhane.

C’est justement pour Barkhane qu’il s’est rendu au Niger et au Tchad. Hollande a présenté à Mahamadou Issoufou et à Idriss Déby Itno – ainsi qu’à ses troupes – le schéma qui mobilisera environ 3 000 hommes dans le Sahel : une "reconfiguration" des opérations existant en Côte d’Ivoire (Licorne), au Mali (Serval) et au Tchad (Épervier).

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Dans ce dispositif "plus mobile, plus réactif" visant à lutter contre le terrorisme, le Niger et le Tchad jouent un rôle majeur de par leur position géographique. C’est de Niamey, qualifié de pôle de renseignement, que décollent les drones et les avions de reconnaissance. Et c’est à N’Djamena que sera installé l’état-major de l’opération "dans les prochains jours", indique l’Élysée. Les effectifs passeront alors de 950 à 1 250 hommes. Pour opérer le basculement des 300 militaires de l’état-major de Serval, au Mali, vers le Tchad, Paris attendait de trouver un accord avec N’Djamena sur le statut de ses soldats. La venue de Hollande coïncide donc avec le lancement officiel du dispositif.

>> Lire aussi : Lune de miel entre Idriss Déby Itno et François Hollande

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Pour ne pas donner l’impression que la politique africaine de la France se réduit aux opérations militaires, l’Élysée a programmé une séquence "développement" au Niger, avec la signature de cinq conventions pour 75 millions d’euros, et une séquence "assistance aux réfugiés de la Centrafrique" au Tchad, avec un soutien de l’ordre de 1 million d’euros à deux organisations humanitaires. "La lutte contre le terrorisme est autant une affaire militaire que de développement", décrypte un proche de Hollande.

La lutte contre le terrorisme est autant une affaire militaire que de développement, explique un proche de Hollande.

Pas sûr que cela fasse taire ceux qui dénoncent "le néocolonialisme" que symbolise la présence militaire française en Afrique. Le 18 juillet à Niamey, Ali Idrissa et deux autres militants nigériens des droits de l’homme ont été brièvement arrêtés par les autorités. Ils appelaient à une manifestation, lors de l’arrivée de Hollande, notamment contre la présence militaire française au Niger…

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